Titre
original:
OL Kanno nikki : Ah ! watashi no naka de |
|
|
Réalisateur: KONUMA Masaru |
Année:
1977 |
Studio: Nikkatsu
Genre: Pinku-eiga |
Avec:
OGAWA Asami MURAKUNI Morihira YAMADA Katsuo NAKAJIMA Aoi |
dre |
|
Travail routinier
Initiée par la Nikkatsu en fin 1971, la vague roman-porno se bâtit sur des séries-concepts aux thèmes bien ciblés. La série des Eros Schedule Book (71-74) traitait de l’univers des courtisanes sous l’ère Edo alors que celle des Apartment Wife (71-79) constituaient en des chroniques contemporaines sur la vie de femmes au foyer. Les sept Erotic Diary of an Office Lady (72-77) se construisent eux autour de la figure féminine dans le monde du travail. Une orientation permettant à priori de peindre des portraits ancrés dans la réalité de l’époque. Si dans ses diverses déclinaisons, la sexualité ‘offensive’ des femmes offrait des histoires traitant d’une revanche contre la hiérarchie invariablement masculine (les opus Scent of Female Cat et Affair of Female Cat) ; l’employée moderne se voit généralement traitée selon un point de vue masculin plus ambigu et condescendant. Dans le volet final (Ah ! There’s something inside me par Konuma en 1977), la femme semble aborder ses homologues masculins d’une façon libertaire. Pourtant le film traçe in-fine le portrait d’une contemporaine encore solidement soumise à une relation de dépendance envers les hommes. L’épilogue est à ce titre sans équivoque : sortie d’une escapade campagnarde avec son patron, l’héroïne s’enfuit dans une course que l’on croit cathartique pour finalement se retrouver dans l’appartement vide d’un ancien amant désormais perdu. Le film se conclut sur l’image d’une femme libre mais au célibat vécu comme un état transitoire malheureux. En apparence loin de l’image femme soumise qu’il illustre dans ses opus SM, Konuma livre une vision bien plus conventionnelle d’une héroïne ‘prisonnière’ malgré elle.
Doté d’un script rachitique, le film se déroule paresseusement autour de la figure unidimensionnelle d’une femme ‘modèle’ (Asami Ogawa dans son premier rôle) nouant une relation extra-professionnelle avec son patron. Durant ses mornes journées de travail, cette dactylo cotoit d’autres employées que le patron lubrique à pour habitude d’honorer dans la remise entre deux réunions. Eludant complètement les implications de jeux de pouvoirs et d’influence entre les deux sexes, cet Erotic Diary of an Office Lady se dévoile comme une chronique quotidienne banale encombrée d’ébats impromptus et envahissant. Réduits aux rangs de fornicateurs patentés, les personnages masculins ne s’offrent à aucun moment comme contrepoint/pivot à une quelconque tentative de cheminement psychologique de l’héroïne. Si Konuma tente de pimenter ces tranches de vie d’une touche d’ironie coquine, le soufflet bien retombe vite à plat ; le portrait du monde du travail vu dans son Flower & Snake (74) se révélait contre toute attente bien plus acide sous ses airs extravagants. Aux tristes séquences de bureau, Konuma adjoint des scènes bouche-trous où la femme est cadrée dans son environnement extérieur, seule ou bavardant avec ses consœurs. L’ajout d’une sous-intrigue complètement inexploitée et artificielle ne faisant que renforcer cette impression d’assemblages de vignettes bourrées de clichés et traité sans recul. Un traitement qu’une mise en scène morne et statique s’empresse d’achever sans ménagement. Un ratage notable qui laisse à regretter la vision d’un Tatsumi Kumashiro autrement plus convaincant dans ses aptitudes à creuser ses personnages et leur époque.
|
|