.Cloistered Nun - Runa's Confession
 
Titre original:
Shudojo Runa no kokuhaku
   
Réalisateur:
KONUMA Masaru
Année:
1976
Studio:
Nikkatsu
Genre:
Pinku-eiga
Avec:
TAKAMURA Runa
NAKAJIMA Aoi
TAGUCHI Kumi
ASUZA Yoko
dre
A l'ombre  

Pour une culture érotique avant tout basée sur le suggéré, peu étonnant d’avoir vu se développer un fétichisme de l’uniforme dans toutes ses déclinaisons ; l’habit religieux des nonnes s’est logiquement vu illustré à plusieurs reprises dans les salles obscures. Si l’on se rappelle surtout du Couvent de la bête sacrée (1974) de Norifumi Suzuki, Koyu Ohara et Masaru Konuma ont aussi apporté leur contribution à cette filmographie particulière. A l’occasion de Cloistered Nun – Runa’s Confession (1976), Runa Takamura (chanteuse pop de retour après un hiatus de plusieurs années ; on l’a notamment vue dans les interludes musicals de Stray Cat – Sex Hunter avec son groupe Golden Halfes) endosse les habits d’une femme de l’ombre revenue d’exactions salaces pour mener à bien sa revanche. Si le film de Konuma promet un pitch transgressif doublé d’un coup médiatique évident, le résultat s’écarte pourtant du pur nunploisation fièrement affiché.

Clairement scindé en deux sections bien distinctes, Runa’s Confession débute par un long passage dans un couvent reculé d’Hokkaido. Une partie qui s’attache à délivrer son quota érotique via des séquences confrontant la figure pure d’une nonne à celle d’un prête occidental pervers. La photographie laiteuse appuie le cachet d’étrangeté d’un lieu champêtre et déserté. Lors du prologue, Runa chargée de sonner les cloches de l’édifice se trouve violée par l’homme peu catholique. Jouant ironiquement de l’image de la corde qu’il détourne en allusion SM claire, Konuma encercle son héroïne dans un halo bleuté émergeant d’une obscurité totale. La suite nous montre Runa encore persécutée dans une séquence d’extérieur pour un viol sauvage recourant notamment à la couleur blanche (du lait) comme symbole virginal, ici profané. Abandonnée par une sœur pourtant témoin de l’acte, elle subira plus tard les assauts saphiques de la femme voulant la recueillir (!). La suite du récit consiste en un flash-forward dévoilant une Runa de retour à la vie tokyoïte.

Si la femme met sur pied une proposition dont l’issue laisse peu de doute, les modalités de la vengeance s’avèrent finalement bien ternes. Décidée à trouver sa revanche auprès d’une belle sœur lui ayant chipé son amant d’alors, Runa va la compromettre dans une affaire de pots-de-vin liés à la promotion d’une mission catholique. Un butin dérobé malicieusement et une belle sœur violée en groupe dans un entrepôt constituent donc le résultat d’une rancœur dont on peine à ressentir l’intensité. La faute aussi à une interprète principale décidément bien fade et prostrée dont le rôle apparaît bien insuffisamment écrit. Avant tout construit sur des séquences urbaines anodines, le clivage de deux anciennes amies retrouvées n’est pas creusé et s’efface dans le déroulement paresseux d’une intrigue aux scènes de sexe mal incorporées. On notera tout de même l’utilisation de chansons-pop so 70’s (interprétées par  Runa Takamura) qui parviennent enfin à créer un décalage, insufflant une apparente insouciance dans ces tranches de vie à la gaieté éphémère. Malheureusement la dimension psychologique de l’héroïne complètement éludée et des ellipses béantes laissant en suspens bien des ressorts narratifs ne peuvent empêcher le naufrage. Desservi par un script fondamentalement indigent (le prêtre occidental est une caricature à peine croyable), Konuma assure le minimum syndical pour remplir ses bobines. Si l’épilogue vient rappeler in-extremis l’ironie du réalisateur (Runa s’offrant tout sourire une partie à trois avec l’ex-sœur de retour), on peine à retirer un intérêt de ce roman-porno quelconque flouant le spectateur en quête de transgression filmique.

 
Martin Vieillot