.Chanko
 
Titre original:
Chanko
   
Réalisateur:
SATO Toshiki
Année:
2006
Studio:
-
Genre:
Comédie
Avec:
SUDO Atsuko
AZUMA Takihiro
Ricaya SPOONER
Troy PRESLEY
dre
Trop lourd

Sorti du monde du pinku-eiga en 2002 avec l’adaptation décevante de la nouvelle Perfect Blue, Toshiki Sato est par la suite retourné à ses premières amours avec Class Reunion (2004). Seconde tentative de rejoindre un courant plus généraliste, Chanko marque la confrontation inattendue du réalisateur avec la comédie sportive, un monde à priori fort éloigné de ses aspirations thématiques. Grande spécialité nippone sur le dépassement de soi,  cette présente déclinaison d’un genre sportif prolifique n’a pourtant rien d’inédite puisque l’univers du sumo fut déjà traité dans Sumo do Sumo don’t de Masayuki Suo en 1992. Chanko, littéralement ‘la potée du sumotori’, utilise son postulat culinaire comme métaphore naïve sur l’hétérogénéité d’un groupe promis à un avenir peu radieux. Soit la confrontation au jour le jour d’une (charmante) forte tête, de quelques nippons passéistes et d’une troupe incongrue d’étudiants gaijin venus d’horizons divers (Brésil, USA , Kazakhstan). Si dans Sumo do Sumo don’t, le british renfrogné incarnait un visage négatif de l’occidental moyen, la mouture de Sato reflète l’air du temps et prône le mélange culturel. Une internationalisation d’ailleurs pleinement visible dans le monde du sumo ; le champion Asashoryu est d’origine mongole, d’autres sumotori viennent de Géorgie ou d’Hawaï. La tolérance et l’ouverture qui forment un axe de développement malheureusement fort mal traité. Les sympathiques gaijins n’en restent que de caricaturaux étudiants attardés se chamaillant sur des questions géopolitiques simplistes (lourdingues scènes d’altercations guillerettes entre le kazakh et l’américain… qui se régleront dans le cercle sacré). Plus étonnant, Sato vient par deux fois plomber l’ambiance bon enfant de son film par des séquences documentaires voulues fortes mais qui perdues en plein récit n’en trouvent aucun rebond (visite au mémorial d’Hiroshima, photographies de bidonvilles de Sao Paolo).

Reste l’attachant personnage central de Yuka (Atsuko Sudo), timide étudiante qui se découvre une soudaine passion pour ce sport ancestral. Problème, le club local a bien perdu de son lustre et se trouve ne plus être qu’un bout de terrain désaffecté tenu par Cabrera, indéfectible tenancier et accessoirement seul membre. Le film de Sato va donc consister en la réunion et la motivation au jour le jour de cette petite troupe bien décidée à accueillir les proches  championnats universitaires. Plombée d’une réalisation tristement plan-plan et d’une dégoulinante musique aux airs hisaishiens frelatés se dessinent les (trop) longues aventures à l’issue attendue. S’enchaînent donc paresseusement l’initiation sportive de Yuka, sa motivation des troupes, l’altercation des gaijins avec les chimpira locaux, le stage d’entraînement en plein-air, les (déchirants) adieux de Cabrera de retour forcé au pays natal, et enfin la grande compétition dans un garage tout juste rénové. Un canevas ô combien passionnant encombré d’un manque d’entrain flagrant et d’une mièvrerie qu’on n’attendait pas de la part de Sato. On ne retiendra de cette ensemble branlant que quelques gags bien trouvés et surtout la figure mutique d’une charmante forte tête faisant trembler tout aussi bien un beau chimpira que son immeuble lors de ses entraînements à domicile. A tout prendre, on y préférera de loin le Sumo vixens de l’incontournable Takao Nakano qui sait si bien adapter le noble sumo aux demoiselles dévêtues et de s’interroger sur le gouffre qualitatif qui sépare Chanko des autres réalisations de Toshiki Sato.

 
Martin Vieillot