.Detonation! Violent games
 
Titre original:
Bakuhatsu! Boso Yugi
   
Réalisateur:
Ishii Teruo
Année:
1976
Studio:
Toei
Genre:
Motards
Avec:
Kuwashima Masami
Iwaki Koichi
dre
Touche pas à mon gang!

En bon stakhanoviste qu'il est, Ishii Teruo a aussi oeuvré dans le genre du film de motards (bosozoku-eiga). Au sortir de la période Sukeban (gangs d'adolescentes à moto), la Toei soucieuse de varier les plaisirs, offre une variation sur un thème similaire, mais avec un taux de testostérone nettement revu à la hausse. Detonation! Violent Games est le second volet d'une série de trois films narrant les rivalités entre deux gangs, les Black Cats et les Red Chills.

On n'est guère surpris du script anémique proposé, les films d'exploitation ne se sont jamais embarrassé de telles considérations. Toujours est il que nos deux gangs éprouvent une certaine rancœur et n'hésitent à user de coups tordus : faux rendez vous qui se révèlent être un traquenard avec la police, insultes gravées à même la peau d'un malheureux motard prisonnier. Fait notable, l'ambiance est assez différente de celle, très psychédélique, des films du début des années 70. Les années ont passé, et on ne peut s'empêcher de remarquer qu'une certaine gravité s'est insidieusement installé : fini le bon vieux temps du flower power, de l'émancipation de la femme. Contrairement à ses glorieux ainés (les séries Straycat et Sukeban), la femme est ici descendue de moto et marque son retour au foyer, observant d'un œil distant ses collègues masculins se bastonner de bon cœur. Detonation! Violent Games offre un panorama de personnages stéréotypés : le punk énervé, le romantique champion de formule 1, la petite amie conciliante. Pas de héros au grand cœur, à l'idéalisme exacerbé, juste des hommes et des femmes survivant dans un morne quotidien où la moto représente leur seule liberté. Le film alterne scènes de bastons, de discothèque mais aussi de très naïves amourettes et scènes domestiques qui plombent quelque peu le film dans sa seconde partie. Heureusement, le quota de nudité est largement respecté et on se souviendra longtemps des Red Chills qui passent le plus clair de leur temps à claquer des doigts, dans des postures cool dignes d'un West Side Story. Des scènes assez surréalistes qui font bien plaisir !

Ishii Teruo propose une réalisation sans coup d'éclat mais tout de même assez efficace : nombreux cadrages penchés, montage assez dynamique. A l'instar des blaxploitation, la musique joue un rôle primordial. Ici, c'est Kaburagi Hajime qui s'y colle. On lui doit entre autre les bandes son du Vagabond de Tokyo ou bien encore de Blind Woman Curse. Omniprésente et franchement excellente, oscillant entre jazzy 60's et guitare wah-wah, la bande-son tire constamment le film vers le haut et lui confère cette atmosphère si caractéristique.

La scène finale nous fera passer l'éponge sur les fortes baisses de rythme: les deux gangs s'affrontent violemment, se roulent dessus dans de belles gerbes de sangs, se tabassent à coups de barres de fer et de casques en pleine tronche. Comme disait Ishii lors d'une interview "On avait un peu de mal à maîtriser une situation quelque peu chaotique. Même hors du champ de la caméra, les voyous continuaient à se taper dessus". Au final, même si l'on pouvait attendre beaucoup plus d'un film si prometteur, Detonation! Violent Games constitue un honnête film d'exploitation qui divertira sans problème l'amateur du genre.



 
Martin Vieillot