Titre
original:
Nagisa no
Shindobaddo |
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Réalisateur: HASHIGUCHI Ryosuke |
Année:
1995 |
Studio: Toho
Genre: Drame |
Avec:
OKADA Yoshinori KUSANO Kouta HAMASAKI
Ayumi TAKADA Kumi |
dre |
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Homo Sapiens
Après son premier long
métrage très remarqué Petite fièvre des 20
ans qui eut pour effet de relancer une vague de films independents au
Japon, le réalisateur Ryosuke Hashiguchi revendique son coming-out
homosexuel dans ce drame intimiste.
Le jeune collégien Ito est
secrètement amoureux de son meilleur ami Yoshida. Des rumeurs
devançant sa déclaration de flamme, il devient rapidement la
risée de ses copains de classe et se distancie de Yoshida. La rebelle
Aihara le soutient dans son épreuve, refoulant - elle aussi - un lourd
secret. Jouant les entremetteuses, elle tente de rapprocher les deux
garçons, malgré l'attirance naissante de Yoshida à son
égard.
L'homosexualité est encore
un sujet tabou au Japon. Tournée en dérision ou apparentée
aux travestis (en grande partie dû au traditionalisme kabuki), elle n'est
que difficilement tolérée, voire carrément
discriminée au Pays du Soleil Levant. Hashiguchi prend donc un pari
très risqué en réalisant une uvre toute
entière dédiée à ce sujet, tout en déclarant
ouvertement sa propre homosexualité à une presse
médusée japonaise. Réalisateur porte-parole d'une
renaissance du cinéma indépendant suite à son relatif
succès de son premier long Petite Fièvre des 20 ans et
acteur renommé de la série télévisée
Tsuge Yoshihara World 1 & 2, cette nouvelle uvre sera un
relatif échec dans son pays d'origine, mais gagne une certaine
reconnaissance mondiale en remportant de nombreux prix dans divers festivals
(Rotterdam, Dunkirk et Turin). Injustement cantonné depuis aux rayons
''gays et lesbiens'' des magasins, le film mérite pourtant mieux,
malgré quelques faiblesses.
Contrairement à bon nombre
de productions du même genre, Hashiguchi a le mérite d'opter pour
une approche distanciée et respectueuse de son sujet. Mis en
scène sans dramaturgie exacerbée, ni fioritures arrangées,
le réalisateur ne prend aucun parti. Au-delà de son sensible
sujet, il réussit à capter parfaitement le comportement d'une
adolescence pubertaire. Les potins font rage dans les cours de
recréation et les collégiens sans d'une rare cruauté
envers leur prochain. Une fois la rumeur de l'homosexualité d'Ito
lancée, le jeune garçon se retrouve
irrémédiablement écarté par ses
congénères et la risée de tous. Deux jeunes adolescentes
récoltent de l'argent pour une amie dite enceinte, alors qu'elles ne
cherchent à se faire de l'argent que pour organiser une soirée.
D'autres rumeurs affirment avoir vu une collégienne sortant d'un
hôtel en compagnie d'un vieil homme
Au milieu du tourbillon, le
jeune Ito n'a d'yeux que pour son ami Yoshida. Ce dernier ne rejette pas son
ami, allant même jusqu'à se faire embrasser pour - sans doute -
expérimenter ce que cela pourrait bien lui faire. N'y trouvant pas de
goût, il ne rejette pas pour autant son ami, mais s'écarte
progressivement de lui, embourbé dans ses propres premiers émois
sexuels. Maladroit dans l'approche des filles, il sort sans grande conviction
avec une première fille, avant d'éprouver une irrévocable
attirance pour Aihara. De banales histoires en somme, mais tellement difficiles
à capter comme en témoignent de nombreux films
réalisés sur le même sujet. En même temps, cette
distanciation par rapport au sujet principal manque quelque peu de profondeur.
En choisissant de cadrer en longs plans larges, Hashiguchi perd en
intensité émotionnelle. Les doutes et le désuvrement
d'Ito ne sont qu'esquissés qu'à de rares moments ; la
révélation du lourd secret d'Aihara semble un brin caricatural
par ce procédé.
Reste
l'audace du projet très personnel au réalisateur,
quelques scènes de toute beauté par leur apparente
simplicité (la scène du baiser échangé
entre les deux garçons ; les séances chez le docteur
; la ''méprise'' finale sur la plage) et la parfaite
retranscription d'une jeunesse désuvrée
pour en faire un rare témoignage sur une ''différence'',
qui ne devrait pas être
Et au réalisateur
d'éviter tous les clichés et poncifs du genre,
qui plomberont son long métrage - autrement plus commercial
- suivant : Hush!. |
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