Titre
original:
Arashi wo yobu otoko |
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Réalisateur:
INOUE Umetsugu |
Année:
1957 |
Studio:
Nikkatsu
Genre:
Musical |
Avec:
ISHIHARA Yujiro
AOYAMA Kyoji
SAYO Fukuko
KITAHARA Mie |
dre |
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Musique!
Lorsque en cette année 1957, la couleur fait son apparition dans les productions Nikkatsu ; la mise en projet d’un film musical coloré pour le passage du nouvel an s’impose comme une évidence. Spécialiste du genre qu’il transposera plus tard à la Shaw Brothers, Umetsugu Inoue s’en va célébrer les attraits des neons des music-halls en contant l’histoire de rédemption de Shoichi, un jeune chien fou campé par Yujiro Ishara. L’acteur vedette alors au centre d’une vague de films sulfureux (La saison du soleil et Passion juvénile en 1956) se voit recadré par le studio dans un rôle moins polémique où ses pulsions violentes finiront in-fine canalisées par la résolution d’un conflit familial lors d’un happy-end convenu.
Combat d’un fils joueur de batterie (Yujiro Ishihara) contre sa mère qui le dénigre au profit de son frère au parcours plus rangé, L’homme de la tempête célèbre la musique comme vecteur d’affirmation et d’intégration, loin de l’image crapuleuse que véhicule le milieu de la nuit auprès de sa mère. Autodidacte pugnace, le personnage verra ainsi passer les différentes étapes d’une reconnaissance glorieuse avant d’être confronté au douloureux dilemme gloire/famille par des crapules du milieux. Ainsi loin d’être une glorification unidimensionnelle du milieu, le film contrebalance la tonalité de prime-abord légère en appuyant les compromissions et magouilles qui se trament en coulisses : arrangements avec des critiques tout-puissant et autres gangsters influents. Une séquence de règlement de compte s’avère même étonnement violente dans son sadisme à décrire par le détail la mutilation des mains du batteur. L’aspect romantique toujours très prégnant dans les productions Nikkatsu vient ici adoucir l’image sulfureuse de l’acteur-vedette. Menant une relation sentimentale avec une riche productrice, Ishihara dévoile ses fêlures intimes derrière la façade animale de son personnage. Une exubérance qui confère au film quelque dérapages cocasses dynamisant et contrastant le récit par intermittence comme lorsqu’il met à sac un bar ou se fait coffrer en prison.
Plus que par ses qualités de divertissement de bonne facture, le film obtient tout son capital sympathie lors des nombreuses séquences musicales qui architecturent la progression de l’histoire. Les numéros musicaux préfigurent ceux d’un Seijun Suzuki de par leur recour à une imagerie pop insouciante, colorée et rythmée en diable. Les surprenants duels de batteurs/crooner ou le numéro de danse ‘sauvage’ exaltent un romantisme moderne nonchalant qui constituera une composante majeure de l’axe thématique de la Nikkatsu dans ses tentatives de séduire la jeunesse. Si l’usage de la pellicule couleur reste encore un peu timide et le montage trop sage, quelques séquences se distinguent par leurs superpositions d’images, saturations de couleurs et mouvements d’appareils affichant une modernité plus en phase avec l’ambition du studio (superbe génerique introduction). Un film mineur mais d’importance dans la mythologie Nikkatsu.
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