.Hush!
 
Titre original:
-
   
Réalisateur:
HASHIGUCHI Ryosuke
Année:
2001
Studio:
SIglo
Genre:
Coméde dramatique
Avec:
TAKAHASHI Kazuya
TANABE Seiichi
AKINO Yoko
TSUGUMI
dre
Hush Papy 

Le couple gay fraîchement formé par Katsuhiro et Naoya doivent affronter leur première épreuve d'amour le jour où la marginale Asako demande à l'un d'entre eux de lui faire un enfant. Sérieusement ébranlés, les deux hommes se posent la question de la paternité, quand une envahissante collègue de travail, puis la famille s'en mêlent.

Six ans séparent Hush ! du précédent film de Ryosuke HASHIGUCHI, Grains de Sable. Abordant volontairement différentes choses, le réalisateur a voulu laisser un peu de temps pour prendre du recul sur son métier et réfléchir à une nouvelle histoire qui lui tenait vraiment à cœur. L'attente était donc d'autant plus insupportable, que ses deux premiers avaient laissé une forte impression. Petite fièvre des vingt ans avait relancé la mode des petits films indépendants, alors que Grains de sable confirmait l'habile maîtrise du cinéaste à brosser des sensibles portraits doublé d'un sens très juste de la mise en scène. Bénéficiant d'un bon marketing, le public se bousculait pour aller voir ce qui semblait une franche comédie sur l'homosexualité. Sujet plus ou moins tabou au pays du Soleil Levant, le sujet n'est que rarement abordé et souvent de manière exagérée et caricaturale ; pourtant une certaine curiosité d'une population intriguée et mal informée peut expliquer l'attente fiévreuse à la sortie du film. Les avis étaient au final très partagés, dû sans doute en grande partie à cause de l'hybridité des genres. Comme si Hashiguchi avait eu hâte de rattraper le temps passé à ne plus tourner, il surcharge son film de moult directions et de thèmes donnés.

Son point de départ est la rencontre peu spectaculaire de deux gays esseulés. Arrivant à la trentaine, ils s mettent en couple, alors que peu de choses semblent vraiment les lier. Leur fragile relation sera mise à rude érpeuve, lorsque l'un d'eux s'éprend de l'idée de plus en plus obsessionnelle à concevoir un enfant pour une autre âme esseulée, mais féminine. Prétexte à des lourdes comédies caricaturales par ailleurs, Hashiguchi exploite moins quelques clichés standardisés par la norme, que de s'attacher plutôt aux interrogations intérieures de ses personnages. En cela, Hashiguchi a bien caché son jeu : comme le titre (ne l'indique pas), Hush! - ''Chut !'' en français - parle du non-dit et plus particulièrement au sein de la cellule familiale. L'homosexualité cachée au proche entourage (famille et collègues de travail), secrets de famille (une tentative d'empoisonnement, un mariage arrangé), le profond mal-être des personnes (les trois protagonistes principaux, Nagata, la belle-sœur), autant d'ulcères, qui seront crevés au cours d'une intrigue finalement loin d'être comique ; même les expérimentations farfelues de reproduction canine se font dans l'arrière-boutique et personne n'ose dire à la propriétaire du malheureux chien cobaye, que ce n'est qu'un bâtard et non pas un chien de pure race.

Un scénario donc difficilement prévisible, mais plutôt par son éclatement structurel partant dans tous les sens, que par une intrigue riche en véritables rebondissements. L'aboutissement final est quant à lui trop décousu pour réellement toucher le spectateur. La mise en scène est indigne du réalisateur, qui se contente de tourner en long et larges plans-séquences paresseux. La musique du célèbre Bobby McFerrin n'est de plus pas du tout adaptée aux images. Reste le portrait des protagonistes principaux et de forts personnages secondaires évoluant autour d'eux ; malheureusement cette disparité de sous-intrigues rend tout attachement impossible. En résulte un film inégal, qui aurait mérité de se concentrer sur les aspect plus approfondis du scénario pour convaincre totalement ; d'autant plus étonnant à l'égard des précédents métrages de Hashiguchi autrement plus maîtrisés.
 
Bastian Meiresonne