.Killing Machine
 
Titre original:
Shorinji Kenpo
   
Réalisateur:
Suzuki Norifumi
Année:
1975
Studio:
Toei
Genre:
Drame/Action
Avec:
Sonny Chiba
Nakajima Yutaka
Koike Asao
Sato Kei
Sato Kei
Shihomi Etsuko
dre
Japanese Shaolin 

Rôle taillé sur mesure pour un Sonny Chiba au sommet de sa carrière, Killing Machine tranche pourtant avec ses précédents films par une réalisation soignée et une part belle donnée à l'acteur qui peut enfin s'éloigner de ses rôles de bagarreur.

Après la défaite des japonais durant la Seconde Guerre Mondiale, l'agent secret - infiltré en Chine - Doshin So revient au pays. Motivant ses congénères à relever la tête et à ne pas se laisser aller, il s'oppose aux alliés et gangsters locaux abusant du chaos engendré par l'après-guerre. Il est finalement envoyé en prison après avoir battu deux soldats américains ayant renversé un petit garçon avec leur voiture. Libéré sur parole, Doshin So décide d'ouvrir une école d'arts martiaux et d'y enseigner son propre style, le Shorinji Kenpo, forme dérivée du karaté ; mais des yakusa locaux vont s'opposer à ses projets.

Killing Machine est la libre adaptation des mémoires de Doshin So, personnage ayant réellement vécu (1911-1980). Ayant passé quelques années à étudier les arts martiaux dans un monastère de moines Shaolin, il développa effectivement son propre style, qu'il enseigna à son retour au Japon. Il est encore aujourd'hui réputé pour avoir défendu les opprimés dans la trouble période d'après-guerre. Somme toute, un personnage assez proche de l'immigré coréen Choi Bae-dael, dont la vie a été adaptée dans le récent film coréen Fighter in the Wind. Si le film bénéficie d'une réalisation soignée, difficile à juger tout de même de l'exacte véracité des faits historiques ; surtout que le rôle de Doshin So est tout entier taillé à la mesure du - alors - populaire Sonny Chiba et présente d'étranges similitudes avec la figure déjà mythique de Bruce Lee de la même époque. Se dressant contre les alliés abusant de leur statut d'occupants et contre les japonais véreux locaux tentant de profiter de la situation de confusion, So ressemble à un pendant japonais de Lee. Même sens de la justice, même rage lors de ses combats, mais pas tout à fait la même élégance. Si les capacités de Chiba impressionnent, elles ne peuvent tout de même pas se comparer aux prouesses martiales exécutées à la même période par pléiade de stars hong-kongaises. De même, les scènes de bagarre s'apparentent plus à des combats de rue à mains nues, qu'à des vraies scènes chorégraphiées. Seule l'audace visuelle de Norifumi Suzuki (Le Couvent de la bête sacrée) surprend de par d'étranges expérimentations (les prises retournées en l'air) s'adaptant parfaitement au style du film.

La reconstitution historique impressionne et rappelle les meilleures productions de Kinji Fukasaku de la même période ; tout de même étonnant pour un film ayant pour vedette Chiba, qui n'a pas pu prétendre à de tels luxes dans ses films antérieurs. L'acteur est même servi par un scénario accordant une large part à des scènes dramatiques (parfois trop appuyées) durant lesquelles il confirme ses réels talents d'acteur. Seul bémol : la scène d'ouverture présentant Doshin So comme un soldat aguerri au service de sa Nation. Impossible de ne pas se remémorer le rôle que jouait le Japon durant la Seconde Guerre Mondiale et le personnage gagne en légère antipathie, dont il est difficile de se débarrasser surtout en vue du nationalisme exacerbé comporté par la suite…

Reste que le spectacle est entier et qu'il s'agit là de l'un des meilleurs films mettant en scène l'acteur culte.
 
Bastian Meiresonne