.Like a Shooting Star
 
Titre original:
Kurenai no nagareboshi
   
Réalisateur:
MASUDA Toshio
Année:
1967
Studio:
Nikkatsu
Genre:
Polar
Avec:
WATARI Tetsuya
ASAOKA Ruriko
SHISHIDO Jo
FUJI Tatsuya
dre
Sous le soleil 

Au coté du Vagabond de Tokyo et du Cimetière de la morale, Like a shooting star reste un des films emblématiques de l’acteur Tetsuya Watari. Véritable témoignage du style Nikkatsu des années 60, le film de Masuda permet mieux mesurer ce qui faisait alors la spécificité du studio. Eloge du cool, du romantisme et de la nonchalance, Like a shooting star représente une synthèse des différents courants animant l’entreprise de séduction de la jeunesse nippone, notamment par l’entremise du duo Watari/Asaoka, icônes glamours ici dans l’une de leurs plus célèbres prestations. L’étoile filante du titre réfère directement au héros Goro, un gangster toute en décontraction agissant sur des contrats. Après l’assassinat de l’une de ces cibles, il est mis à l’écart le temps de laisser retomber les recherches. Passant de la bruyante capitale à la cité portuaire de Kobe, il passe son temps à attendre sous le soleil assommant de l’été …

Sur un scénario sans grande originalité, Masuda parvient à insuffler des directions originales à une œuvre qui parvient à se démarquer grandement du tout venant cinématographique. Le rythme revêt ici une importance primordiale dans sa propension à favoriser les moments creux, l’attente passive au dépend de scènes d’action sous tension. Véritable Watari-show, l’acteur éclabousse l’écran de son costume blanc immaculé et de ses sifflements de lonesome hitman. Des gimmicks participant à la mythologie du personnage au sein d’un véritable manifeste de la glande frimeuse, Like a shooting star distille un cachet pop et une nonchalance fort appréciable. A l’image du générique d’introduction qui narre l’exécution d’un contrat en s’étirant langoureusement sous le refrain entêtant du héros ; mémorable séquence aussi que cette digression vers la comédie musicale où une discothèque prend les allures de cabaret. Au sein d’un montage sensuel, Masuda opte pour des mouvements d’appareil souples et des séquences étirées permettant de mieux faire sentir la lassitude des personnages. Des moments creux desquels sortent quelques dialogues bien sentis entre punchlines vachardes, questionnements existentiels et autres bagouts de séducteur. La séduction qui tient ici un rôle prépondérant à l’image du travail impeccable fourni sur la photographie et décors stylisés à grand renfort d’aplats de couleurs saturées. Moteur du récit la relation entre Watari et Asaoka transforme progressivement le film en élégante romance fleur-bleue en phase avec l’ambiance moite et oisive du bord de mer. Une tonalité naïve non sans second degré que Masuda vient régulièrement parasiter par les irruptions inattendues et étrangement inquiétantes d’un tueur à gage mutique en quête de Goro ; un personnage étonnant campé par un Jo Shishido à contre-emploi qui confère une touche violente et réaliste à une histoire louchant vers l’existentialisme teinté de cool. En résulte un étonnant mélange des genres au détachement typé nouvelle-vague, un éloge de la posture-pop à l’image du surprenant final où Goro se trouve rattrapé par les réalités tragiques du métier et de l’amour, non sans se départir de son flegme et d’une ultime touche de coquetterie.

 
Martin Vieillot