.Mad Fruit
 
Titre original:
Kurutta Kajitsu
   
Réalisateur:
NEGISHI Kichitarou
Année:
1981
Studio:
Nikkatsu
Genre:
Pinku-eiga
Avec:
HONMA Yuuji
NINAGAWA Yuki
MASUTOMI Nobutaka
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Honneur ou amour 

Commencer comme assistant réalisateur de Tatsuya Fujita et de Yasuharu Hasebe, on a fait pire comme début. Mais débuter à la fin des années 70 dans le créneau des Roman Porno, n’est pas non plus une des choses les plus aisées. La tendance des années 80 étant surtout à la surenchère dans l’extrême et la vulgarité au dépend de la qualité des années 70, on est en droit de craindre le pire. Il faudra en effet attendre les années 90 pour revoir le pinku reprendre du poil de la bête. Annonçant le style de ces derniers tout en restant extrêmement marqué par l’esthétique des années 70, Mad Fruit fait partie de ces pinku qui font l’histoire du genre. Son attrait principal est que comme les films érotiques récents, il repose plus sur les personnages que les situations. Certes, cette histoire d’amour impossible entre deux êtres que tout sépare n’est pas spécialement originale. Mais les pinku n’avaient pas, à l’époque du moins, l’habitude d’aborder de tels thèmes, du moins de cette façon.

Lui, Tetsuya, garçon très sérieux, additionne les petits boulots, garagiste le jour, serveur dans un fuzoku (bar à hôtesses) la nuit. Elle, Chika, est une petite bourgeoise à la recherche d’un peu de piment à mettre dans sa vie et tentant de se sortir d’une relation incestueuse avec son père. Bien que plus centré sur le personnage de Tetsuya, Chika offre une parfaite contrepartie. Elle (interprétée par la trop rare Yuki Ninagawa ) est en phase parfaite avec le déroulement du film qui d’un début en comédie / elle joyeuse avec quelques petites scènes très amusantes notamment lorsque Chika surprend Tetsuya en pleine masturbation, glisse lentement vers le cynisme et la noirceur qui caractérisent la conclusion d’un amour impossible. Le film se permet même une scène grotesque où le sang jaillit à flot de façon totalement improbable. Pas de longues scènes de disputes ou d’explications entre Tetsuya et Chika cependant. La seconde moitié du film ne voit d’ailleurs le couple quasiment jamais ensemble. Chika se contentant d’assister à la fuite en avant dramatique de Tetsuya. Par ailleurs, le film se conclut de manière assez similaire à un ninkyou avec le héros préférant l’honneur et la vengeance que l’amour. Une chose assez inhabituelle pour un film érotique !

Superbement filmé, parfois opérant un retour formel à l’érotisme estampillé 70s, Mad Fruit se distingue par ses personnages solides, son interprétation sans faille et un rythme parfaitement maîtrisé. Il faut aussi ajouté que le scénariste, Fumio Kounami, a participé aux scénarios de la série des Sasori, Combat sans code d’honneur ou encore Zero Woman Menottes Rouges. Ceci explique certainement le côté parfois brut si ce n’est carrément gore ainsi que la présence de thèmes propres aux films de yakuzas. Mais le plus important reste que tout cela concourre à faire de Mad Fruit un pinku définitivement à part, un ovni érotique des plus réussis.

 
Stéphane 'Zeni' Perrin