.Messengers
 
Titre original:
Meshanja
   
Réalisateur:
BABA Yasuo
Année:
1999
Studio:
Pony Canyon
Genre:
Comédie
Avec:
IIJIMA Naoko
YABE Hiroyuki
KYONO Kotomi
BESSHO Tetsuya
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Les fous du guidon 

Petite comédie comme seuls les japonais savent en faire, Yasuo Baba persiste dans le registre sportif pour signer un divertissement finalement sans grand intérêt, mais non dénué de charme.

Yokota et Suzuki sont les créateurs d'un service de messagerie à vélo, ''Tokyo Express''. Concurrents d'une puissante organisation de courriers à motos, ils s'évertuent de se faire une petite place sur le marché. Leur vie bascule le jour, où Yokota se fait renverser par Naomi. Gérante d'une agence de mode, elle vient de perdre ami, appartements et comptes en banque pour avoir contribué à la mise en faillite de son magasin. Pour ne pas avoir à payer des dommages et intérêts, elle accepte de remplacer Yokota. Echouant tout d'abord lamentablement dans sa mission, elle prend finalement goût et décroche même un important contrat de courrier express avec son ancien employeur en humiliant l'équipe des motards. L'équipe se renforce en la personne de la petite amie photographe de Yokota, d'un ancien policier reconverti en barman et d'un ex-membre du service de messagerie adverse ; mais Naomi est appelée à réintégrer son ancien travail pour permettre de décrocher un important contrat avec un couturier occidental. Son départ vient au plus mauvais point, les motards provoquant les cyclistes pour un dernier duel…

Inconnu dans nos contrées, Yasuo Baba est pourtant une figure bien reconnue par ses pairs dans son pays d'origine. Réalisateurs de plusieurs longs métrages, dessinateur de mangas et écrivain, toutes ses œuvres ont pour point commun de représenter le comportement actuel de la jeunesse ; mais au contraire de la principale tendance de dénoncer leur mal-être, il s'évertue d'en tirer un certain positivisme et optimisme désarmant. Messengers n'entrave en rien cette exploration systématique de thématique. Partant d'un postulat simpliste, voire même un brin éculé, l'histoire sert moins à metaphoriser l'éternel combat de David contre Goliath ou du passé (le vélo) contre la modernité envahissante (déplacement à motos), que de brosser le portrait de jeunes adultes. Battants, débordants d'énergie et se battant pour leurs idéaux et pour arriver à leurs fins, ils n'en sont pas moins maladroits en ce qui concerne leur propre personne : notamment Suzuki et Naomi, qui sont tels deux adolescents n'osant s'avouer leurs véritables sentiments l'un pour l'autre. C'est également la principale faiblesse du film : l'intrigue est au final assez minimaliste et déjà vu dans bon nombre d'autres productions par ailleurs. Les personnages paraissent tous bien plus jeunes, que leur âge annoncé et se comportent plutôt comme des adolescents que comme ayant la vingtaine bien sonnée. Ce décalage rend également peu plausible leurs fonctions respectives, les uns ayant monté leur propre société ou Naomi en tant que gérante de son propre magasin et disposant du prestige acquis tel que montré en début du film… Si le film ne dérape pas totalement dans la pure mièvrerie, il s'en approche dangereusement à plus d'une reprise et s'apparente d'avantage à une comédie américaine mielleuse ou - en tout cas - à un pur produit de divertissement entièrement calibré à l'intention d'un public adolescent conquis d'avance.

Le casting est d'ailleurs à l'image de telles intentions, comprenant notamment Tsuyoshi Kusanagi issu du populaire boys band SMAP et le jeune Hiroyuki Yabe du duo comique ''99''. Plus surprenant, les participations du musicien et acteur Yuzo Kayama et de l'autrement plus sexy Naoko Iijima (Zero Woman) se pourfendant d'un jeu à la Jennifer Aniston japonaise ; mais leur bonne humeur et complicité ambiantes remportent du moins l'indulgence et la sympathie de leur public. Quant à la mise en scène, Baba emballe convenablement l'ensemble, même s'il aurait pu approfondir ses quelques plans présentant la ville de Tokyo en arrière-plan et surtout d'avantage travailler le découpage des séquences à vélo : alors que les protagonistes s'élancent à cent à l'heure, ils semblent pratiquement avancer en reculant ; le ''duel final'' aurait mérité un découpage privilégiant d'avantage l'action. Enfin, si le début prend de fausses allures de manga live, Baba abandonne un certain côté cartoonesque au profit d'une réalisation plus académique. Divertissement destiné avant tout à un public adolescent, l'ensemble dégage pourtant suffisamment de charme pour passer un agréable moment devant l'écran, le cerveau mis en veille.
 
Bastian Meiresonne