Titre
original:
Monzetsu!!
donden gaeshi |
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Réalisateur: Kumashiro Tatsumi |
Année:
1977 |
Studio: Nikkatsu
Genre: Pinku-eiga |
Avec:
Tsuruoka Osamu Tani Naomi Awazu
Gô |
dre |
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Douleur quotidienne
Painfull Bliss, c'est
l'histoire d'une rencontre improbable qui va profondément bouleverser la
vie du jeune Toshio (Tsuruoka Osamu). Jeune salarié sans
problème, aimé par une jolie femme, et un peu naïf, il
occupe une place convoitée dans une grande entreprise. Un soir de
beuverie avec ses collègues, il rencontrera Akemi (Tani Naomi) qui de
fils en aiguilles le mènera vers Maruyama (Awazu Gô). A cause d'un
pari malencontreux, il se retrouvera bien involontairement au centre d'une
relation homosexuelle.
Dans un style semi-documentaire
cher à Kumashiro, Painfull Bliss présente une galerie de
personnages que tout semble séparer mais qui n'en partagent pas moins
les mêmes regrets d'une vie ratée. Le jeune employé
naïf va se fondre dans une faune qu'il n'avait jamais côtoyé
auparavant. Maruyama est un paumé, il gagne sa vie en prostituant ses
amies. Ces dernières le suivent sans guère broncher. Kumashiro
décrit un monde prolétaire, sans illusion, qui se contente de
survivre au jour le jour. Ses personnages sont coincés dans leur
environnement urbain, perdus dans une société dont il n'attendent
rien. Le sexe apparaît dès lors comme un échappatoire, leur
seul espace de liberté. Kumashiro désacralise les rapports
charnels, ceux ci sont monnayés ou forcés, jamais le désir
sincère ne fait surface. Un triste état des choses dont
s'accommodent, finalement fort bien, les jeunes femmes. Le personnage du
proxénète si détestable en apparence n'est rien de plus
qu'un minable qui joue les durs et fronce les sourcils. Bien qu'aucune relation
ne soit d'égal à égal, ce rapport dominant/dominé
n'est qu'un confortable vernis pour des personnages qui n'osent s'avouer leur
sentiments et le réconfort qu'ils éprouvent l'un au contact de
l'autre.
Kumashiro ne juge pas, il pose un
regard attendri sur ces hommes et femmes. La dureté de la vie, la
violence des situations est contrebalancée par de beaux éclats de
mélancolie. Painfull Bliss montre des âmes solitaires
à la recherche du sens de la vie, des âmes à la recherche
du contact humain quel qu'en soit le prix. Une grande liberté
émane du film, une liberté de ton, une fraîcheur typique du
pinku-eiga. Bien plus qu'un simple étalage de chaires, c'est
surtout de l'homme et de ses contradictions dont il est question. Sa fuite
devant le quotidien, sa recherche du bonheur. Toshio découvrira par lui
même sa vrai façon d'être heureux, en transexuel il trouvera
enfin sa voie. On pourra regretter que son personnage ne soit pas assez
développé, sa métamorphose est traitée trop
rapidement. On regrettera aussi une certaine baisse d'intensité dans la
seconde partie, certaines situations routinières s'épuisant
d'elles mêmes. Painfull Bliss est simple et humain, violent et
triste. Il illustre de belle manière la spécificité du
pinku-eiga, sa violence et sa mélancolie intimement
liées. |
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