Titre
original:
Ringu
2 |
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Réalisateur: NAKATA Hideo |
Année: 1999 |
Studio: Kadokawa
Genre: J-Horror |
Avec:
NAKATANI Miki SATO Hitomi FUKADA
Kyoko KOHINATA Fumiyo |
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Un coup dans l'eau
Décidé de donner
rapidement une autre suite à l'immense succès enregistré
par le premier Ring, mais entaché par le retentissant
échec de sa séquelle officielle, Rasen, la production
charge donc NAKATA et son scénariste TAKAHASHI de
réfléchir à un nouvel opus inédit. Si le premier
volet se permettait déjà de relatives libertés avec son
matériel d'origine, Ring 2 sera un démarquage radical au
grand chagrin de son auteur Koji SUZUKI. Le nouveau succès public
à la sortie du film ne signifie pourtant pas une réussite
exemplaire
L'amie du professeur Ryuji, Mai,
enquête sur la soudaine disparition de ce dernier et interfère
avec les recherches par une équipe de télévision sur la
fameuse cassette maudite. Recueillant le fils de Reiko, Yoichi, elle
découvre davantage sur les origines de Sadako et se livre à une
inquiétante expérience permettant de libérer le
garçon de la maléfique emprise de l'esprit vengeur.
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L'échec retentissant de
Rasen, sorti en même temps que Ring, décide les
responsables de la production à changer le fusil d'épaule et
d'envisager une nouvelle suite. Ils demandent alors par l'intermédiaire
de l'éditeur Kadokawa de lancer un concours à l'attention de
scénaristes pour imaginer la suite des aventures. Pas moins de quatre
cent scripts seront envoyés en très peu de temps; tous seront lus
par les exécutifs de la production et par le réalisateur NAKATA,
mais aucun ne sera retenu et TAKAHASHI sera une nouvelle fois à
l'origine du scénario final. A noter néanmoins la publication de
certains des travaux non-retenus dans un ouvrage intitulé Motto Kowai
Yottsu no Hanashi au Japon. Au grand dam de l'écrivain Koji SUZUKI,
NAKATA et TAKAHASHI se démarquent complètement des romans
d'origine pour continuer les aventures de Sadako. S'appuyant davantage sur la
dernière adaptation cinématographique, déjà assez
libre, ils s'attachent aux origines de l'esprit vengeur. Curieusement, ils
réitèrent les défauts reprochés à la suite
officielle, Rasen bien que sous une forme différente. Nulle
évocation de code génétique pour permettre une future
renaissance de Sadako et la contamination de ses victimes, mais
néanmoins une bonne partie consacrée à du charabia
scientifico-médical. En revenant aux sources, le tandem exploite le
filon des pouvoirs psychiques - et notamment celui du nensha (rendre flou ou
imprimer des photosynthèses par la seule émanation
d'énergie corporelle). Se référant certes au
mystérieux personnage de la mère, les scénaristes
empruntent pourtant de curieux chemins menant jusqu'au dénouement
stupéfiant d'une expérience similaire à celle du
Possession - bientôt re-faite par NAKATA à Hollywood ? -
mais dans une piscine. Seule raison invoquée : l'expiation de l'emprise
maléfique de Sadako sur le petit Yoichi
Tout ceci donne lieu
à de longues planches de narration dénuées de toute
importance et des discussions pseudo-scientifiques sans aucun
intérêt. Au passage sont pillés des classiques
américains de moyenne facture, tels Possession auparavant
cité, mais aussi L'exorciste, Scanners de Cronenberg ou
Pulsions de Brian de Palma. Si NAKATA avait su habilement
mélanger des références occidentales au genre typiquement
japonais du film de fantômes, son équation tombe ici à
l'eau et semble aussi surannée que les métrages cités.
Autre similitude troublante est le même sort réservé aux
personnages du premier épisode. Les rares spectateurs de Rasen se
plaignaient de la brutale disparition des protagonistes principaux du premier
volet au profit de figures secondaires bien plus transparentes; apparemment les
scénaristes du présent film ont tenu compte de leurs
complaintes
pour commettre exactement la même erreur. Les
héros de Ring 1 sont donc envoyés ad padres, à
l'exception d'un journaliste acolyte et de la petite amie de Ryuji
brièvement évoquée auparavant. Pire, NAKATA reprend
même les acteurs principaux falots de Rasen pour - heureusement -
les diriger d'une meilleure main, mais sans pouvoir en tirer des merveilles.
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Troublants choix de la part des
scénaristes, ils n'arriveront pas à renouveler la fraîcheur
et le génie de leur précédente collaboration. Si la
qualité est infiniment supérieure au complètement
raté Rasen, elle est également tout autant
inférieure à celle de l'original. Au lieu d'épouvante,
Ring 2 est un film incroyablement bavard. Mai reprend toute
l'enquête à zéro et ramène le spectateur sur les
traces déjà empruntées par le passé. Si elle
découvre de nouveaux et intéressants éléments en
cours de route concernant le personnage de Sadako et de sa mère,
l'intrigue au présent est bien moins passionnante, voire
carrément tirée par les cheveux (noirs et longs
). Outre
l'abracadabrante introduction des psychiques pouvoirs surnaturels, toute la
relation entre Mai et Yoichi ne tient pas debout, à commencer par la
prise en charge du petit garçon. Thématique chérie par
NAKATA, il n'est pas très difficile de s'imaginer qui est à
l'origine de cette association; mais jamais le réalisateur saura-t-il
tirer bon parti de leur relation particulière. Il commet même un
terrible contre-sens logique, en faisant emmener Yoichi dans la maison
familiale de Sadako et de le laisser tout seul durant la nuit. Efficace
promesse de protéger l'enfant de l'emprise maléfique ! Pourtant,
le début du métrage promettait une nouvelle brillante descente
aux tréfonds de l'angoisse par la découverte que Sadako avait
réussi à survivre pendant près de trente ans au fond du
puits !!! - puis par l'hallucination de la mèche de cheveux sur le
brancard dans la morgue. En une phrase et trois plans, NAKATA réussit
à nouveau à faire frissonner le monde entier sans aucun recours
à un quelconque artifice. La suite s'éloigne pourtant de plus en
plus de ces bonnes intentions initiales par les longs bavardages inutiles et
l'intrigue décousue partant dans tous les sens. Restent les quelques
rares scènes d'horreur, parfaits exemples d'efficacité, telle que
celle de la télévision à l'hôpital ou même
celle dans le puits en fin de film - quoiqu'elle soit de trop courte
durée
Vain effort de se démarquer tout autant du
matériau d'origine, que du premier opus, Ring 2
déçoit par son farfelu scénario tentant de nouer ensemble
beaucoup de bouts de pistes amorcées dans le premier épisode.
Sans réel enjeu, la parfaite ambiance moite et inquiétante du
précédent opus ne peut jamais se mettre en place et les acteurs
falots ne suscitent à aucun moment l'implication émotionnelle
nécessaire. Sans doute déjà trop peureux de se faire
cantonner à un seul genre, la réalisation de NAKATA sent un
relâchement certain et manque de son inventivité et élan
créatifs du premier épisode. Néanmoins, le
réalisateur puisera bon nombre d'idées pour son futur Dark
Water autrement plus réussi.
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A noter en 2005 le remake
américain, une nouvelle fois réalisé par Hideo NAKATA et
qui n'est autre qu'un dérivé de son propre Dark Water -
également re-fait par Walter Salles et sortant à seulement
quelques semaines d'intervalle sur les écrans américains. Si le
premier épisode avait été un très grand
succès pour un film du genre et ce grâce à un
bouche-à-oreille largement favorable, le second connut un engouement
bien moindre et des critiques désastreuses de la part du public et des
critiques. Un manga a été réalisé d'après le
scénario du film par MEIMU; si le graphisme est tout simplement
étonnant, l'intrigue est pareille à celle du long métrage,
donc confuse et ennuyeuse. |