.Seven from Edo
 
Titre original:
O Edo no shichininshu
   
Réalisateur:
MATSUDA Sadatsugu
Année:
1956
Studio:
Toei
Genre:
Chambara
Avec:
ICHIKAWA Utaemon
AZUMA Chiyonosuke
OKAWA Hashizo
OTOMO Ryutaro
Académisme et autres petits jeux

Jeune studio créé après la seconde guerre mondiale, la Toei se focalisa tout d’abord sur les drames historiques matinés d’actions avant de dévier vers les films de yakuza au cours des années soixante. Si les chambaras jouissent d’une réputation flatteuse en Occident à cause d’un inévitable filtrage ne laissant passer que quelques pièces maîtresses, la production pléthorique de la décennie 55/65 témoigne d’une exploitation frénétique du filon pour des résultats fortement inégaux. Alors que la Daiei et sa légendaire maîtrise technique accoucha des plus beau fleurons, les productions de la Toei souffraient encore de carences de jeunesses et pâtissaient souvent d’un académisme empesé. Seven from Edo est à ce titre une production typique sortie du moule. Si le ‘Shichinin’ du titre original entretient à priori une lointaine parenté avec les ‘Sept samourais’ d’Akira Kurosawa, l’argument n’est jamais développé au cours de l’intrigue. Avec à sa tête l’inusable Utaemon Ichikawa (à l’œuvre depuis 1925), Sadatsugu MATSUDA livre ici un travail d’un classicisme éprouvé et sans grande passion, une variation de son Five men of Edo sorti l’année précédente. Bien loin des chambara polémiques de la fin des années soixante, le canevas se concentre sur la rivalité de deux clans de samourais, l’un du coté du gouvernement (clan Tatekawa) et l’autre plus en marge (clan Katsukawa). Sur le schéma classique des trompeuses apparences, les samourais marginaux se révéleront les plus humains contrastant ainsi avec la dérive hédoniste du rival (ils entretiennent un tripot clandestin). L’élément catalyseur du récit se trouvera être le départ en exil de Katsukawa, le chef de clan. Accusé d’avoir outrepassé ses fonctions, il est surtout victime d’un coup bas fomenté par la mystérieuse milice Kijin à la solde de Tatekawa. Dès lors les fidèles sujets soudain orphelin devront trouver moyen de subsister..

Ici le sujet ne s’attarde guère sur l’incapacité du gouvernement à réguler les coups-bas de ses disciples. De même les abus de pouvoir du clan Tatekawa ne prêtent que peu à polémique et seront finalement réglé dans le cadre de la légalité. Si la thématique de la vengeance aurait du logiquement être au centre du récit, elle se trouve ici étonnement reléguée au second plan. L’enjeu ainsi évacué, Matsuga dépeint les vicissitudes de la troupe dans une veine humaniste et ludique, loin du pessimisme plombant des récit des 47 ronins sur une trame similaire. S’y croisent jeune chien fou, acteur de kabuki, vieillard alcoolique et jeune père. Jamais la marginalité de ses personnages ne sera exploité autrement qu’a travers des saynètes sans liant thématique. Certes l’amusante séquence où les jeunes samouraïs se trouvent bien incapables de s’occuper d’un nourrisson prête à sourire, mais le reste oscille entre amourettes mièvres, scènes de jeu et séquences au sérieux de façade. Si le film évite l’écueil du vaudeville, les sautes de ton parasitent l’intrigue  qui se traîne tant bien que mal,. Les compositions surjouées des acteurs accusent leur age et instaurent une distanciation fatale à l’implication du spectateur.

 La réalisation se montre moins statique qu’a l’habitude mais pâtit de son caractère routinier et linéaire . Les compositions graphiques désespérément terne et les cadrages académiques dénotent d’un désintérêt poli de la part de Matsuda, les transitions restant très paresseuses. Plus gênantes sont ces scènes où les samouraïs errent dans des avenues désertes qui fleurent bon le carton-pâte des studio. De par sa structure, Seven from Edo évoque les serial familiaux où justice est toujours faite et où le fade humanisme sous-jacent annihile toute mise en abîme plus ambitieuse. Si quelques combats bien exécutés tranchent avec l’ensemble, le film s’inscrit sans gloire dans le ventre-mou du genre.

 
Martin Vieillot