Titre
original:
Sekusu
Furendo Nurezakari |
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Réalisateur: SAKAMOTO Rei |
Année:
1999 |
Studio: Kokuei
Genre: Pinku-eiga |
Avec:
SATOU Kinako SAWA Tetsuji SAKAI
Kuniyuki ITO Kiyomi |
dre |
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Esprit joueur
Formé durant cinq
années à la dure école d'assistant/scénariste de
pinku-eiga, Rei Sakamoto signe avec Sex Friend Nurezakari sa
première réalisation. Un pinku original et convaincant dont le
scénario atypique porte indubitablement l'empreinte de Shinji Imaoka.
Sur une trame largement éprouvée, le film va rapidement se
démarquer pour finalement devenir un road-movie mélancolique
teinté d'optimisme.
Deux jeunes amants pas encore
installés sous le même toit, la routine qui s'immisce lentement
mais sûrement. Lui, plutôt dilettante, se contentant de son travail
à mi-temps dans le combini local. Elle, encore étudiante
en arts graphiques, à l'avenir plus ambitieux. Un jour, un homme
s'invite à l'improviste dans leur nid d'amour. Mais voilà, cet
homme est en fait mort depuis huit ans
.
Avec Sex Friend Nurezakari,
Sakamoto vient insuffler un vent de fraîcheur dans un genre
résolument pessimiste. Une touche décalée et un dispositif
séduisant qui transforment l'essai en une plaisante variation finalement
très peu érotique. Ici les nécessaires scènes de
sexe sont judicieusement placées en contrepoints décalés
ou comiques : la découverte cocasse d'un couple en pleine action, un
grand père plein de vigueur. Le ton particulier du film doit beaucoup
à Imaoka. Mélange de nonchalance existentielle jamais
complément détachée de la peur du lendemain, cette
sensibilité s'accorde bien aux pérégrinations du jeune
couple. Débarrassé de l'envahissant environnement urbain,
Sakamoto pose un regard attachant sur ses personnages inscrits dans un cadre
rural revigorant et propice aux rencontres fortuites. Autre constante chez
Imaoka, l'irruption de l'étrange dans un quotidien trop bien
rodé, ici un homme, ancien camarade de classe, qui se
révélera finalement être un yurei (fantome/esprit).
Il chapeautera la rencontre inopinée d'anciens camarades de classes qui
se finira par un match de baseball, revanche réconciliatrice et
introspective contres des regrets jamais tout à fait
digérés. Le baseball qui constitue le surprenant fil conducteur
du récit, une passion commune qui unie les personnages lors de
séance de catch-ball.
Tout le charme de Sex Friend
Nurezakari réside dans cette approche nonchalante où se
côtoient retour mélancolique sur le temps qui passe et un vrai
sens du comique pince-sans rire. Sans jamais se détacher d'une certaine
légèreté, Sakamoto insuffle une gravité sous
jacente à son récit. Evitant le piège de l'approche
nombriliste auteurisante, Sakamoto signe là un petit film plaisant
où l'enchaînement de séquences banales et anecdotiques
finit, bon gré mal gré, par construire des personnages attachants
et delivrer un message optimiste denué de mièvrerie.
Appuyé par d'excellents acteurs et une réalisation
élégante (de beaux plans fixes distants), ce road-movie sous la
lourde moiteur de l'été nippon constitue un des
représentants les plus accessibles du genre. |
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