Titre
original:
Kage
Gari |
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Réalisateur: Masuda
Toshio |
Année:
1973 |
Studio: Toho
Genre: Chambara |
Avec:
Ishihara Yujirou Asaoka Ruriko Tamba
Tetsuro Uchida Ryohei Narita Mikio |
dre |
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Gold Fever
L'acteur-producteur Ishihara
Yujiro tente de confirmer son statut d'acteur populaire dans son pays d'origine
en faisant adapter un manga du créateur de Golgo 13 Takao Saito.
Prévu pour durer, la série s'essouffle après seulement
deux épisodes, les films étant certes ambitieux, mais manquant
cruellement de qualité.
Durant la trouble période
de l'avènement du shogunat de Tokugawa, trois ronins se mettent au
service de Seigneurs féodaux pour traquer et éliminer des ninjas
espionnant les daimyos pour le compte du shogun. Guerriers à l'esprit
vengeur depuis que leurs clans ont été décimés par
des ninjas, les trois hommes découvrent un sombre complot pour s'emparer
de terres recelant de mines d'or.
Ishihara
Yujiro était un acteur très populaire durant les
années '60s. Frère du scénariste et réalisateur
Shintaro Yujiro, il cherche au début des années
'70s à confirmer son statut en produisant des projets
choisis par ses soins. Séduit par le manga de Taka Saito,
il charge le scénariste Ikegami Kaneo (Bandits contre
Samurai , la version de 1994 des 47 Ronins) de signer
l'adaptation live et s'entoure d'une fine équipe constitué
notamment du réalisateur Masuda Toshio (Tora, Tora,
Tora, la série des Battlestar Yamato) et des
acteurs Narita Mikio (Legend of the 8th Samurai, bon
nombre de films de Kinji Fukasaku) et Asaoka Ruriko (plusieurs
épisodes de la série Tora-San). L'intrigue
prend place vers le début du XVIIe siècle. Tokugawa
a pris la tête de l'empire japonais et décide de
diviser le pays en 256 provinces régis par des Seigneurs
féodaux (daimyos). Si l'ère sera prospère
par la suite, en instaurant un certain climat de paix durable
et en assurant la mise en place des origines du système
administratif actuel, son début de règne ne s'est
pas fait sans heurts et accroches. Le partage des provinces
suscitait bien évidemment envie et jeux de pouvoirs parmi
les daimyos selon leurs territoires attribués. De nombreux
complots ou échanges et reventes entre Seigneurs changeaient
souvent la donne des terres perçues. Pour assurer son
propre pouvoir, le shogun prit le contrôle des récoltes,
ce qui donna lieu à des nombreux enchères entre
Seigneurs cherchant à acquérir les terres les
plus fertiles.
Si une
large partie des samouraïs se retrouvaient sans emploi
face à l'instauration d'une période plus calme,
l'époque vit l'émergence du service de ninjas.
Guerriers-espions, ils connurent l'âge d'or durant la
période Kamakura (1185-1333). Période marquée
par de nombreux conflits entre familles, les nobles s'assuraient
de leurs services pour éliminer leurs ennemis. Inféodés,
ces mystérieux hommes n'étaient soumis à
aucun code d'honneur, se déplaçaient où
bon leur semblait et pratiquaient des techniques de guerre non-orthodoxes,
tels les embuscades et attaques surprises. Sous le règne
de Tokugawa, ils servaient avant tout d'espions pour épier
faits et gestes d'un daimyos pour un autre ; le shogun en personne
s'était largement attribué leurs services pour
surveiller les Seigneurs et se tenir au courant de leurs agissements.
Les trois personnages principaux du présent film sont
donc des chasseurs de ces dits ninjas. Ronins, suite à
l'extermination de leurs clans par les guerriers-espions, ils
proposent leurs services à des daimyos pour dénicher
et exterminer d'éventuels espions au sein des clans.
Leurs missions sont donc autant un gagne-pain, qu'une affaire
toute personnelle, illustrée par la hargne explosant
lors des combats contre ces ennemis. L'intrigue est donc une
approche intéressante basée sur un fait historique
rarement exploitée au sein du cinéma japonais,
même s'il a été librement re-interprété
pour les besoins du manga et du film. Les ninjas faisaient preuve
de discrétion, plutôt que de s'afficher cagoulés
au grand jour, comme montré dans le film ; ils se déplaçaient
rarement en aussi larges groupes, ce qui aurait certainement
enlevé de la bravoure aux scènes de combat exposés
dans Shadow Hunters.
Adapté d'un manga, la
rencontre de ces deux univers aurait pu donner à un formidable
mélange des genres ; malheureusement, les ambitions du
producteur-réalisateur Ishihara Yujiro ne se révèleront
pas très probantes. La faute à un scénario inutilement
bavard, obligé d'exposer beaucoup de faits et gestes par de longues
conversations entre protagonistes. Quelques raccourcis scénaristiques -
notamment dans le personnage de la mystérieuse femme-samouraï) -
plombent également l'intrigue. Cinéma avant tout populaire, le
réalisateur Masuda a cherché à coller au plus près
de son époque et souligne ses images par un score musical easy listening
typiquement seventies, qui - non seulement - paraît aujourd'hui
totalement démodé, mais est également en parfait
décalage avec les images du film. Pourtant, la série des Hanzo
the Razor avait su prouver quelques années plus tard qu'un tel
mélange était parfaitement possible. Evocation des seventies
également par la grosse moustache de l'acteur incarnant Gekko
(Moonlight) et de quelques scènes de sexualité sous-entendue post
soixante-huitardes purement gratuites sans apporter quoi que ce soit au
film.
L'omniprésence
de l'acteur et producteur du film Ishihara Yujiro se fait également
ressentir. Poussant la chansonnette lors du titre générique
du film, il a sûrement demandé à ce que
plusieurs plans envahissants magnifient sa présence.
Proche du physique de Shintaro Katsu, l'acteur est malheureusement
bien loin de dégager la même présence et
stature que l'illustre interprète de Zatoichi.
Au moins, cela vaut la présence d'une scène de
chevauchée étirée totalement inutile, mais
au final hilarante de nullité. Intéressant dans
son approche historique, le scénario inabouti, la mise
en scène fade et trop imprégnée des seventies
et un budget visiblement en-dessous des ambitions artistiques
font que ce film ne dépasse jamais le statut d'une moyenne
série ''B''. Une suite sera tournée l'année
suivante sous le titre de Kage Gari 2 aka Shadow Hunters
- Echo of destiny). |
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