Titre
original:
Dorei |
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Réalisateur:
SATO Osamu |
Année:
2007 |
Studio:
Shin-Toho
Genre:
Erotique |
Avec:
HIRASAWA Rinako
HONDA Kikujiro
Yui
AWASHIMA Kumari |
dre |
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Amour & cordes
Si le cinéma érotique contemporain témoigne d’aspirations thématiques personnelles où l’élément sexuel se retrouve paradoxalement en arrière-plan, nombre de productions moins personnelles évoluent dans le cadre plus limitatif de l’étalage de chair fraiche. A ce titre, le sous-genre du film SM en constitue une de ses déclinaisons les moins enthousiasmantes de par sa propension à graviter autour de canevas immuables aux forts relents misogynes, véhicules fantasmatiques aux pulsions d’une audience 100% masculine.
Evoluant dans ce territoire ultra-balisé, The Slave constitue une démarcation intéressante de par sa volonté à brosser le portrait d’une héroïne troublée en y injectant les mécanismes narratifs du journal intime. Récit des expériences de son actrice Rinako Hirasawa, ancienne star de productions SM hardcore, le film s’ambitionne comme une vision ‘sensible’ du parcours de son héroïne narrant ses expériences diverses façonnant la maturation de sa personnalité atypique. De ses premiers émois masochistes la menant dans une liaison ambiguë avec un directeur d’entreprise, en passant par sa reconversion subite dans une vie de couple ‘classique’, la trame surprend par ses variations de tons entre séquences sexuelles glauques, passages introspectifs et moment ‘anodins’ voir tout simplement ironiques (toute l’entame du métrage). Si l’on retrouve les habituels univers urbain de love-hotel aux néons blafards et de bureaux ternes, le film contrebalance cette esthétique connotée par des paysages aérés et autres environnement urbains familiers, participant ainsi à une volonté de dédramatisation des enjeux sulfureux en livrant une tranche de vie d’une femme semblable à une autre.
En résulte une rencontre où l’univers SM et ses habituels rituels, attributs et codes esthétiques côtoie celui plus ordinaire d’une vie d’employée de bureau, les doutes et aspirations du personnage motivant ici le recours aux monologues se substituant en partie aux dialogues entre personnage, y compris pendant les actes érotiques. Une dimension intime qu’appuie l’usage de procédés de montage ‘libres' illustrant les moments de songes et d’errance de son héroïne (utilisation récurente de photographies, passage ‘vidéo’ granuleux). Hybride ne sacrifiant pas ses tentations hardcore et romancée, The Slave peine tout même à retranscrire dans toute son ambigüité les nuances d’un matériau très ‘écrit’, en partie à cause d’alter-égo masculin relativement fades et de la présence insistante d’une voix-off apparaissant comme un procédé manquant par trop de subtilité. Si l’ambivalence singularise le film, la nature fondamentalement hétéroclite de ses composants s’offre au spectateur dans un agencement disparate marchant et échouant par séquences. Une certaine maladresse néanmoins attachante dans sa volonté à expérimenter le panachage au sein d’un sous-genre sinistré.
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