.Snow Woman
 
Titre original:
Furin Tsuma Jouen
   
Réalisateur:
Meike Mitsuru
Année:
2000
Studio:
-
Genre:
Pinku-eiga
Avec:
Kawase Youta
Itou Kiyomi
dre
Neige lugubre

Jeune espoir de la nouvelle vague nippone du cinéma érotique indépendant, Mitsuru Meike réalise avec Snow Woman une œuvre singulière placée sous le signe d'une radicale austérité.

Au fin fond d'un petit village isolé dans les montagnes, un homme attend désespérément sa maîtresse qui tarde à venir au rendez-vous. Que lui est il arrivée ? l'homme commence à délirer et se remémorer leur liaison, Dehors, la neige abonde comme à l'habitude, l'épais manteau blanc stoppe la vie des hommes et les plonge dans la déprime.

Snow Woman est typiquement le genre d'œuvre qui divisera le public. Ses partis pris formels radicaux, sa trame volontairement absconse en font un objet hermétique difficile d'accès. A la lisière du cinéma expérimental et sensoriel, Meike se focalise sur un homme isolé qui commence à perdre pied. Le cadre fait beaucoup pour la singularité du film, le désert neigeux isole et oppresse les hommes. Cet univers déréalisé n'est pas sans faire penser au désert de sable de La Femme des Sables, sauf qu'ici la dimension psychologique est plus distanciée et évasive. Cet ascétisme marque aussi la limite du film tant les motivations des personnages ne sont que suggérées, laissant le spectateur sur le carreau. La confusion entre réalité et fantasme est volontairement entretenue jusqu'à la fin. Par la suite, l'écho de la légende de la femme des neiges viendra encore déréaliser la trame conférant au film une empreinte schizophrénique et paranoiaque.

Les partis pris formels témoignent d'une approche résolument auteurisante et audacieuse . la photographie est extrêmement sombre, les corps ne sont plus que d'obscures masses uniformes se mouvant dans un espace cloîtré. Le film est quasiment muet, les seules paroles sont chuchotées, le bruit du blizzard en fond sonore. Les indispensables scènes de sexe sont réduites au strict minimum, souvent introduites par le biais de flashback dont on ne connait la véracité. Venant d'un tel genre, la dimension foncièrement anti-érotique du film étonne, les corps froids et blafards se frottent mécaniquement comme mus par un instinct dépourvu de désir. Les comédiens tout en retenue et en intériorisation renforcent la tenue de l'ensemble.

Œuvre exigeante et audacieuse, Meike signe un ovni filmique éminemment lugubre et dépressif. La courte durée du film, une heure, l'empêche de tourner au pur exercice de style. Œuvre sensorielle et théorique qui manque toutefois un peu de corps, Snow Woman s'impose comme une des belles réussites de ces dernières années.



 
Martin Vieillot

Snow Woman est disponible en DVD sous-titré anglais chez Sacrament