Titre
original:
Tamamushi |
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Réalisateur: TSUKAMOTO Shinya |
Année: 2005 |
Studio: Female Film
Partners Genre: Drame érotique |
Avec:
ISHIDA Eric KASE Ryo KOBAYASHI
Kaoru |
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Beetle Juice
Court segment
réalisé dans le cadre du film à sketches Jam Films -
Female, Tamamushi permet à Shinya TSUKAMOTO de poursuivre sa
sensuelle et troublante exploration de la sexualité féminine
entamée dans Snake of June sans rien perdre de sa
verve.
Un amant vieillissant s'empresse
de trouver un digne successeur moins âgé pour Memeko, la femme
qu'il aime.
Basé sur le roman homonyme
de Mariko KOIKE, Tamamushi est l'un des cinq segments composant le
métrage initial. Film à sketches, la série a
été expressément créée à l'initiative
d'un Festival de Films Asiatiques au Japon et jouit depuis d'une forte
popularité. Son seul leitmotiv est de réunir des moyens
métrages tournant autour d'un même thème. Cette fois, il
s'agissait d'adapter des nouvelles de l'émergeante
génération japonaise d'écrivains centrées autour du
thème de la féminité. Après la
concrétisation d'un rêve caressé depuis des dizaines
d'années de pouvoir réaliser un film érotique, TSUKAMOTO
avouait ne pas avoir fait tout le tour de la question en réalisant
Snake of June. Il avait même déjà dans l'esprit une
vague idée de départ qu'il cherchait à développer
en une série, sur la seule base du nom de son personnage principal,
Memeko Kinta (un jeu du mot des dérivés "memeshii" =
efféminé et "kintama" = testicule). La proposition des
responsables du festival à ce que TSUKAMOTO participe à la
réalisation d'un des segments tombait donc à point nommé.
Sentiment renforcé après que le réalisateur trouve des
similitudes entre les esquisses de son propre personnage inventé et
celui décrit dans la nouvelle originale à adapter. Prenant pour
point de départ un tout autre contexte que dans Snake of June,
TSUKAMOTO fait pour une des premières fois de son personnage
féminin quelqu'un de totalement passif, à l'image de Chisanto
dans "Bullet Ballet". Elle n'est qu'une femme objet effacée, qui se fait
passer de main en main à la seule décision de son amant
vieillissant.
Pourtant le titre original est
trompeur et représente quelque chose de grande valeur : les tamamushi
sont des coccinelles aux multiples couleurs; plus grand le nombre de couleurs,
plus forte vaudra leur valeur au sein d'une communauté de
collectionneurs d'insectes. Memeko est donc apparentée à une
sorte d'insecte, dont la valeur serait estimée par le monde masculin.
Passant de main en main, elle est tout de même considérée
comme chère aux yeux de son amant qui lui cherche un digne successeur.
Elle-même n'en demande pas tant, son attitude passive et sotte ne lui
donnant d'ailleurs pas autant de charme que ne croit apercevoir en elle son
amant. Comme Tom Mes le remarque dans la critique parue dans son livre
dédié à TSUKAMOTO, elle ressemble à
l'empotée Sadako dans le superbe Désir Meurtrier. Pas la
première, ni la dernière référence au grand
réalisateur japonais, TSUKAMOTO s'inspire également de son Eau
tiède sous un pont rouge lors d'une séquence de sexe
particulièrement humide. Ce qui rapproche Tamamushi du
précédent Snake of June est la révélation
(tardive) d'une sexualité somnolente d'une femme d'âge mûr.
Comme Rinko dans Snake of June, Memeko connaîtra finalement les
joies des rapports débridés et un épanouissement personnel
certain. Ce qui différencie le présent film de son
prédécesseur et de la plupart des films de TSUKAMOTO est son
retour à la nature, une première depuis Hiruko. Une
nouvelle fois magnifiée, les prairies sont particulièrement
verdoyantes et la lumière dorée quasi surnaturelle. Au milieu,
Memeko évolue à vélo, pleinement épanouie, loin de
l'oppression bétonneuse citadine. Plus surprenant, une mise en
scène à l'image de son héroïne, calme, posée,
sans aucune fioriture visuelle typique au réalisateur. Le soudain
éclat de violence entre yakuzas totalement inattendu est du coup
d'autant plus efficace et constitue une étonnante preuve du talent de
mise en scène insoupçonné chez son réalisateur
jusqu'à présent.
Sans être transcendant,
Tamamushi constitue un agréable et intéressant
prolongement des interrogations soulevées dans Snake of June.
Forcément moins brillant par la restriction de la durée et un
scénario imposé, TSUKAMOTO s'acquitte tout de même
honnêtement de sa tâche, signant l'une des plus belles
séquences du long-métrage. Un résultat d'autant plus
intéressant que ce premier essai de réalisation en DV
transformé (et désormais adulé par le réalisateur)
pourrait effectivement constituer le point de départ à son
intrigante série basée sur le seul personnage de Memeko Kinta
(que l'on imagine plus débridée). A suivre
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