Titre
original:
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Réalisateur: SATOU
Toshiki |
Année:
1994 |
Studio: Kokuei
Genre: Pinku-eiga |
Avec:
MAHITO Kino HOTARU Hazuhi IHIWARA
Yurii OGI Maya |
dre |
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Virée nocturne
Par son approche singulière
à dépeindre les vicissitudes d'hommes et de femmes, Toshiki Satou
avec ses confrères du Shi-Tenno a redonné un nouveau
souffle au cinéma érotique nippon dès la fin des
années 80. Tandem, une de ses premières
réalisations, témoigne déjà d'un style bien
affirmé même si la surabondance de scènes de sexe trahit
quelque peu son origine. Epaulé par Masahiro Kobayashi au
scénario, il livre un regard à la fois cruel et tendre sur deux
hommes perdus dans leur histoire de couple.
Un soir à Kabukicho, le
quartier chaud de la mégalopole nippone, deux hommes se retrouvent dans
un bar déserté. Le plus vieux, par ses appels maladroits et
sincères, finit par nouer contact. Tout deux vont finir par passer la
nuit sur une moto à errer sur les tristes artères
routières de la capitale. Peu loquaces, ils finiront par se comprendre
malgré eux
Satou montre déjà
ici d'une affection toute particulière pour les ambiances nocturnes.
Nuit détachée de la lourdeur assommante des journées
tokyoïtes, nuit propice à la rêverie, au relachement et
à la compassion. Le tandem du titre, c'est ce drôle de couple,
compagnons d'infortune qui noient leur solitude l'un près de l'autre.
Satou est adepte des récits déstructurés, Tandem
s'articule autour d'une ballade nocturne qui dévoile progressivement par
de multiples flash-back les drames personnels de ses protagonistes, deux hommes
à différents stades de la vie, autant de regards
différents sur leur histoire de coeur . Un quadragénaire
avancé mettant son couple en péril pour une aventure avec une
jeune femme, sa bonhomie et sa gouaille cache mal un besoin vital de
communiquer. Un trentenaire mutique et renfermé en conflit avec sa
compagne qu'il finit même par violenter lorsque celle ci lui annonce
qu'elle va le quitter. Autant de scènes de couple invariablement
traitées sur le mode érotique. Des scènes d'une belle
intensité sexuelle dont la répétitivité
systématique parasite malheureusement le récit. Plus
intéressant, certaines de ces scènes, des ébats
rapprochés dans le métro, sont traités sur le mode
fantasmatique. Ces différents niveaux de réalité
participent au dérèglement du récit et l'enrichissent d'un
trouble diffus sur sa véracité même.
Tout d'abord rétif, le plus
jeune finit par accepter la présence encombrante de son
aîné sur son deux-roues. Relation basée sur le non-dit,
Satou fait parler les silences qui rapproche ces âmes en peine.
L'ambiguïté plane sur les liens que nouent ces hommes. Cette
amitié jamais tout à fait scellée engendre une tension qui
finira en drame. L'aube qui se profile, le regret d'un coupable
relâchement le temps d'une virée à deux, le plus jeune
tabasse alors violemment son compagnon. La violence sous jacente est partie
intégrante du récit, elle surgit même de façon
inattendue dans certaines séquences à l'humour noir.
L'omniprésente déprime ambiante accable ces hommes mais le joli
épilogue renverse la donne. Cette nuit étrange et tragique leur
fait prendre conscience de l'importance de leur couple. De retour au domicile
et plus murs, leurs ébats fougueux avec leur compagne dissimulent mal un
insoutenable besoin de chaleur humaine. On retrouve ici une constante de la
thématique de Satou. Le sexe n'est pas désir mais
réconfort.
Bel exemple d'un vrai regard
d'auteur, Tandem ne parvient pas tout à fait à
s'affranchir de son carcan de cinéma de genre. Reste que l'ambiance si
particulière de cet étrange road-movie, sa structure narrative
singulière témoignent d'un indéniable talent de
cinéaste. |
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