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Les écolières énervées
Terrifying Girls' High School :
Female's Violent Classroom Kyofu Joshi Koko - Boryoku Kyoshitsu
(1972)
De : SUZUKI Norifumi Avec:
SUGIMOTO Miki, IKE Reiko, NAWA Hiroshi, WATASE Tsunehiko
Au début des années
70, la Toei via l'entremise du producteur Kanji Amao met en chantier toute une
série de films d'exploitations pour relancer de déclinants
yakuza-eiga auprès d'un public de plus en plus attiré par
la petite lucarne. Proche des goûts d'un public jeune et masculin, la
vague dite pinky violence déferle sur l'archipel. Reprenant les
codes d'une jeunesse post soixante-huitarde rebelle et contestataire et y
ajoutant une forte dose d'érotisme sadique, le tout baignant dans une
délicieuse ambiance psychédélique. Simples variations de
formules bien rodées, l'arrivée en force de jeunes femmes
énervées balaie toute la cohorte des héros machos typiques
des ninkyou-eiga des années soixante. Ouvertement racoleurs et
opportunistes, ces films valent plus par l'univers fantasmatique qu'ils
véhiculent que leurs réelles qualités
cinématographiques. La série des Zukebo Bancho puis
bientôt celle des Sukeban ou encore celle des Terrifying Girls'
High School. Autant de films consanguins qui, à quelques variantes
près, brassent et ressassent les mêmes thématiques et
codes.
Dans Female's Violent
Classroom, l'école est bien sur au centre des projecteurs. Une meute
de lycéenne lubrique menée par les égéries de
Norifumi Suzuki, à savoir Miki Sugimoto (la fameuse Zero Woman)
et Reiko Ike, sa fidèle acolyte. Si le décorum scolaire offre
tout un éventail de situations scabreuses alléchantes, tout ceci
ne reste finalement qu'un terrain de jeu comme un autre. Suzuki, qui prouvera
dans son superbe Le couvent de la bète sacrée que
l'alliance exploitation et message contestataire était tout à
fait possible au sein même des studios, n'a malheureusement pas ici les
mêmes velléités. Au contraire d'un High School Panic
ou Battle Royale, point de charge frontale ou détournée.
Female's Violent Classroom suit un canevas somme toute bien sage.
Certes, les passages exploitationistes obligés sont fournis en nombre au
spectateur curieux mais le tout manque singulièrement
d'irrévérence et de panache. Le décor lycéen
devient vite monotone (salle de classes, toilettes, terrain de sports) et
l'intrigue rachitique peine a supporter de nombreux passages bavards.
Néanmoins, lors de certaines séquences Female's Violent
Classroom semble enfin décoller. Scènes surréalistes,
érotisme exacerbé, crêpages de chignons sanglants autant de
moments esseulés, dilués dans le ventre mou du métrage qui
peine à emporter le morceau.
La casting quasi-exclusivement
féminin fait beaucoup dans le charme du film. Souvent taxé de
misogynie, le cinéma nippon éleve ses personnages féminins
en modèles rebelles et subversifs. Si les hommes n'apparaissent que par
intermittences, force est de constater que les lycéennes usent d'un
sadisme redoutable lors de séquences de tortures (coups de pieds et de
poignards, brûlage de tétons,) ou d'une sexualité
débridée (élèves qui se masturbent en cours,
lancé groupé de culottes à la figure d'un professeur
débordé,..). Le professeur, seule figure masculine, échoue
à donner un contrepoint crédible au récit. Faiblesse
chronique du genre, les sautes de ton désarçonnent le spectateur
; on passe de vaudevillesques séquences érotiques (une visite
médicale où le medecin palpe les seins des consentantes
élèves) au drame larmoyant (une élève se suicide).
Les sympathiques mais faiblard morceaux de bravoures sont vaguement
reliées entre eux par des sous intrigues anecdotiques (une
élève en marge croit en l'amour, des yakuzas qui s'en
mêlent).
Epaulé par une excellente
et trop rare bande-son psychédélique, Suzuki illustre
paresseusement son récit et nous livre d'avares expérimentations
visuelles (caméra tourbillonnante, dilatation du temps et de l'espace).
Forcement décevant au regard de ce dont est capable le cinéma
d'exploitation japonais, Female's Violent Classroom laisse un fort
goût d'inachevé où l'on regrette finalement bien plus
l'absence de ton subversif que celle des excès visuels. Un produit
d'exploitation banal qui donnera lieu à trois suites que l'on
espère plus délurées.
Terrifying Girls' High School :
Lynchlaw Classroom Kyofo Joshi Koko: boko rinchi kyoshitsu
(1973)
De : SUZUKI Norifumi Avec:
SUGIMOTO Miki, IKE Reiko, IMAI Kenji, WATASE Tsunehiko
Six mois après Female's
Violent Classroom, Norifumi Suzuki se retrouve encore aux commandes de la
série pour un résultat autrement plus convaincant. Abandonnant
les digressions comiques balourdes qui plombent ses uvres, il fait ici
montre d'un discours plus radical et insuffle une tonalité beaucoup plus
perverse et outrancière à l'ensemble. A l'antagonisme Miki
Sugimoto/Reiko Ike (et in-extenso leur bande respective) qui constituait la
base du canevas faiblard du premier épisode, Suzuki y substitue une
histoire de vengeance classique mais bien troussée. Ike se trouve alors
reléguée au second plan au profit d'une Sugimoto qui livre ici
une de ses plus convaincantes prestations. Accompagnée de deux de ses
acolytes, la belle infiltre un centre de redressement éducatif où
son fidèle bras droit a été retrouvée morte, un
accident en conclut la police largement arrosée par un proviseur
douteux..
Plus abouti dans sa
démarche, Lynchlaw Classroom s'acoquine des codes
érotiques imposés dans un joyeux foutoir anarchisant qui
revêt une forte portée symbolique. A l'image de l'étonnante
séquence finale qui voit les écolières
révoltées littéralement saccager leur lycée et se
trouver aux prises avec la police, cette thématique du
soulèvement estudiantin fait bien sur écho aux violentes
manifestations qui émaillèrent la fin des années soixante.
Si l'ambition contestataire de Suzuki reste loin des revendications filmiques
d'un Masao Adachi ou d'un Kouji Wakamatsu, le réalisateur parvient
pourtant habillement à draper son film d'un voile subversif et
irrévérencieux, l'argument du film du genre lui permettant une
peinture outrancière synchrone aux dérives exploitationistes en
tout genre. S'il se situe dans l'univers scolaire, le métrage n'en
reprend pas moins les codes des films de prisons qui firent les beaux jours de
la Toei (voir le plan éloquent où le portail de l'institution se
referment lourdement laissant apparaître les élèves
derrière les barreaux). A l'instar d'un Shunya Ito sur la série
Joshuu Sasori, Suzuki livre une satire acide sur le système
éducatif nippon et fustige in extenso la dérive autoritaire d'un
régime machiste (voir ces scènes où il est question de
transformer ces délinquantes en jeunes femmes dociles et passives). Si
l'intrigue est avant tout prétexte à un panachage
d'érotisme pervers et de violence sadique, plusieurs séquences
consistent en une charge frontale contre l'hypocrisie du système et de
ses cadres : l'échec d'un proviseur qui pour toute démarche
pédagogique se résout à instaurer une milice interne aux
exactions salaces ou bien encore la libido viciée du directeur et
ministre fantasmant sur les jeunes corps nubiles. Habituellement
dépeinte comme l'instrument du pouvoir répressif, la
sexualité prend ici la forme détournée d'une arme
d'affirmation et de résistance. cette orientation quasi-politique se
trouve illustrée dans moult séquences où la libido de
l'oppresseur le mènera à sa perte (voir ces professeurs bien
incapables de résister à une orgie d'écolières, en
fait un coup monté).
Si elle pèche par quelques
moments creux, cette pellicule d'exploitation parvient efficacement à
concilier veine anarchisante et divertissement transgressif. Plus acide que
dans le premier opus, l'humour se confond avec les excès et morceaux de
bravoures habituels du genre. Les personnages charismatiques et bien
trempés donnent ici un relief bienvenu à l'intrigue. Le trio
féminin infiltré fournira matière aux séquences
érotiques, la femme yakuza (Reiko Ike) viendra rappeler l'ancrage du
film au genre sukeban, le cool et mystérieux Tsunehiko Watase (un
digne alter-ego de Tatsuya Fuji) incarnera le ténébreux
contrepoint romantique du récit. Lynchlaw Classroom se distingue
aussi de par son orientation perverse qui tranche singulièrement avec le
premier opus. De par leur noirceur, les séquences de tortures insufflent
une gravité sous-jacente au récit. Un contraste d'autant plus
accentué par la propension du réalisateur à
l'expérimentation. L'éprouvante et imaginative séquence
d'introduction est un modèle du genre, on y voit une
écolière tétanisée se vidant de son sang dans une
fiole que Suzuki se complait à scruter dans la durée. S'y ajoute
le maladif contraste du rouge (des masques et du sang) avec le blanc (de la
peau) appuyé par l'écho d'une trompette folle. Une autre
séquence témoigne de l'attrait de Suzuki à
blasphémer la croix chrétienne tout en faisant
référence aux méthodes de tortures américaines
alors en cours lors de la guerre du Vietnam. Fidèle adepte de la pose
esthétique, la palette graphique de Suzuki se fait ici plus classique.
Les quelques figures de styles personnels (caméra tourbillonnante,
échos sonores dilatés) ne sont présentes
qu'épisodiquement Si représentatif des canons du genre alors en
vigueur, l'ensemble reste par trop routinier et pâtit d'un manque de
fulgurances visuelles. Reste un beau sens du cadre où Suzuki inscrit
amoureusement ses gros plans féminins dans la diagonale de son scope.
Enfin, notons quelques superbes idées de montages, toutes relatives
à la mythification des personnages (la rencontre 'western' entre
Ike/Watase au plein milieu d'une rue déserte , l'arrivée de Reiko
Ike en ville puis dans la salle de classe). En quelques plans cuts, Suzuki
imprime une belle dynamique à ces intermèdes 'cool' brisant la
linéarité du récit. Belle (et courte) digression aussi
qu'une autre altercation frimeuse au fond d'un bar avec jeux/bravades de
briquets et cigarettes.
Après la déception
du premier opus, Suzuki se rattrape en donnant une direction plus
précise à son projet. S'il joue toujours autant sur l'imagerie
fantasmatique de l'écolière, la teneur perverse et sadique
doublée d'une charge contre les institutions inscrivent le
métrage dans le haut du panier du genre. Si la réalisation peine
à s'élever à la hauteur du propos, Lynchlaw
Classroom constitue tout de même un bel exemple de cinéma de
genre et rétrospectivement le meilleur épisode de la
série.
Notons enfin que cet opus eut la ‘chance’ de rencontrer les mains créatrices de René Vienet, célèbre artiste situationniste adepte du détournement de film (déjà auteur de ‘La dialectique peut elle casser des briques?'). Sorti en catimini en 1974 dans les salles obscures parisiennes sous le titre ‘Les filles de Kamaré : une petite culotte pour l’été’, Lynchlaw classrom se vit même adjoindre le pré-genérique de Female Yakuza Tale, toute une époque …
Terrifying Girls' High School :
Delinquent Group Kyofo Joshi Koko: Furyo Monzetsu Guruupu
(1973)
De : SHIMURA Masahiro Avec : IKE
Reiko, MIHARA Yoko, KANO Yuko, NAWA Hiroshi
Après la satire corrosive
traversée de perversité ludique du précédent
épisode, la série des 'Terrifying Girls' High School prend
ici une tournure bien différente. Tout d'abord avec le départ de
l'emblématique réalisateur Norifumi Suzuki remplacé par
Masahiro Shimura, un scénariste et assistant-réalisateur de
seconde zone qui signera avec ce film (et sa suite) ses seuls travaux de
réalisation. Ensuite par le départ de la belle Miki Sugimoto
partie sur d'autres tournages et qui laisse sa fidèle rivale Reiko Ike
seule en tête d'affiche. Aux canevas basés sur les luttes
intestines entres bandes d'écolières rivales, Delinquent
Group marque un recul notable par rapport aux codes du film d'exploitation.
S'il n'abandonne pas totalement les motifs de la série au cours de
scènes 'imposées' (chapardages, bastonnades et tortures
lubriques), l'ensemble se rapproche plus du film de jeunesse où
s'illustre l'implosion involontaire de la cellule familiale sous les coups de
butoir très symboliques de la présence américaine. En
effet la délocalisation du récit sur l'ile d'Okinawa introduit un
glissement thématique débouchant sur la mise en abîme du
personnage de Reiko Ike. Si à l'image de son entame le film augure de
prime abord d'une chronique pimentée (un chapardage fructueux de
vêtements qui débouche sur une vente à la sauvette dans les
couloirs du lycée), le pessimisme et la fatalité ont tôt
fait de rattraper les personnages. La sexualité est le reflet de cette
tonalité, elle se fait ici beaucoup moins présente et surtout
plus crue et sordide telle cette scène où un père commet
sans le savoir l'inceste.
Alors que les institutions
étaient visées dans le précédent opus, Shimura se
focalise sur la cellule familiale avec en point de mire les agissements
outranciers de gaijins mal lunés, ici le seul véritable ancrage
dans le film de genre made in Toei. Plus habituée aux rôles de
méchantes, Reiko Ike endosse la défroque inhabituelle d'une
écolière passive qui poussée à bout fait montre de
violents accès de colère. Alors fille unique d'une famille
soudée, son père vient a être assassiné dans une
sordide machination. Sa mère désormais seule encaisse tant bien
que mal pour finir inéluctablement par sombrer malgré elle dans
l'extravagance et la débauche auprès d'étrangers (un
rôle qui échoue à l'inévitable et malicieuse Yoko
Mihara !). La peinture de l'occupant est comme à l'habitude
grossière et bourrée de clichés : soient businessman
véreux ou paumé, les gaijins cultivent un net penchant commun aux
accès lubriques viciés. A l'image du générique
d'ouverture montrant les écolières traversant une base militaire,
la lourde présence américaine agit ici indirectement comme une
chape de plomb sur cet univers, un germe nocif cause de tous les malheurs. Un
discours réactionnaire sans finesse qui n'empêche pas le film de
verser par intermittence vers le beau portrait de jeunesse
désabusé. Dans une veine assez inhabituelle pour le genre
pinky violence, Shimura semble très inspiré par les
productions de son concurrent nikkatsuien Toshiya Fujita qui arriva à
distiller une belle mélancolie adolescente dans de très
méconnues uvres. Procédant par des plans fixes, Shimura
inscrit pudiquement Ike dans son univers clos. Le cadre de l'école se
trouve étonnamment mis en retrait au profit d'environnements urbains
plus classiques. On note aussi de nombreuses scènes de bar qui
plutôt qu'apporter un cachet pop à l'ensemble appuient le
désuvrement, l'errance et l'oubli dans la fête de ces
figures de jeunesse. L'inévitable contrepoint masculin romantique du
récit s'inscrit dans la même veine d'une mélancolie
teintée de nostalgie, Shimura s'acharnant même à plomber
son récit en faisant brutalement succomber le jeune homme
déclenchant ainsi la catharsis de l'héroïne dans un violent
pétage de plomb. Victime désignée d'une bande de rivales
vindicatives et de leur très symbolique jeep, Ike se prostre dans une
spirale dépressive synchrone à la dérive de sa
mère. Dès lors les scènes dites de 'baston' revêtent
un aspect plus nihiliste et violent qui tranche avec les ludiques
catfight des précédents opus (voir cette scène
où Ike laisse pour morte une camarade de classe).
Malheureusement le récit
s'étire nonchalamment dans de nombreuses séquences
routinières. L'abandon du schéma conflictuel entres
écolières se fait en détriment de sous-intrigues
paresseuses et inutiles (petits trafics en tous genre ou humiliation lourdingue
d'un professeur dont les stigmates révèleront un fervent adepte
du SM). Les personnages secondaires restent par trop inexploités
et peinent à seconder le portrait de l'héroïne qui
malgré de beaux moments de lassitudes pâtit d'absences coupables.
On remarquera tout même le rôle périphérique d'une
écolière métisse qui dépeinte sans clichés
apporte un (trop faible) contrepoint bienvenu. Dans une moindre mesure, ce
personnage (ainsi que l'amant lui aussi métis) évoquent
d'ailleurs les héros tragique de l'excellent Stray Cat-Sex Hunter
de Yasuharu Hasebe. Un film qui partage d'ailleurs de nombreux liens avec ce
Delinquent Group (dont notamment une poursuite en jeep directement
reprise par Shimura ou encore cette superbe et glaçante scène
où une écolière violée s'en va occire le coupable
avant de se faire violemment abattre de plusieurs balles à bout portant)
Cette tentative de diversification s'avère malheureusement trop
inégale pour prétendre égaler le Lynchlaw Classroom
de Suzuki. La séduisante veine nihiliste et mélancolique ne
suffit pas à compenser l'abandon partiel des passages exploitationistes,
en résultat un ensemble bancal même si pas forcément
inintéressant. Plus préjudiciable, la mise en scène
souffre de l'implication quelconque du réalisateur. Procédant
souvent par des plans éloignés désintéressé,
Shimura laisse défiler la pellicule sans ambition graphique. Exit donc
les séduisants cadrages fétichistes d'un Suzuki exhalant un
érotisme contagieux. Un ensemble inégal et curieux qui parvient
cependant par instant à de belles fulgurances telles la viscérale
séquence de l'écolière fusillée ou encore cette
scène très culte où Reiko Ike s'en va machinegun au
poing abattre les malfrats avant d'être figée dans un puissant
freeze-frame
une belle catharsis en somme !
Terrifying Girls' High School :
Animal Classmates Kyofo Joshi Koko: Animaru Dokyosei
(1973)
De : SHIMURA Masahiro Avec : IKE
Reiko, WATASE Tsunehiko, KANEKO Nobuo, EMI Jo
Pour cet ultime épisode
sorti sans grand entrain à l'approche des fêtes de fin
d'année, la Toei renouvelle sa confiance à Masahiro Shimura. Si
au cours de ses itérations successives la série des Terryfing
Girls' High School ne brilla guère par la profondeur de ses
scénarios, Animal Classmates en constitue indéniablement
le maillon le plus faible. Une pellicule d'exploitation somme toute calamiteuse
qui ne cherche qu'a (mal) capitaliser sur les situations déjà
exploitées jusqu'à la moelle. Significatif de cette triste
ambiance de fin d'ère, Reiko Ike (toujours sans sa rivale Miki Sugimoto)
ne s'y voit accorder qu'un temps de présence peu conséquent.
L'intrusion de comédie balourde et des chiffonnades
inter-élèves le rapproche de la teneur du premier volet
(Female's Violent Classroom).
Les défauts
récurrents de ce type productions aux rabais n'y apparaissent dès
lors que plus flagrants. Le cabotinage éhontés des actrices de
seconde zone est ici particulièrement insupportable, l'ensemble
trahissant le peu d'entrain et la caractère mécanique du
recyclage. Si dans Lynchlaw Classroom Suzuki su imposer avec panache des
personnages caricaturaux mais indéniablement charismatiques, Shimura ne
s'appuie sur des codes que trop usés sans jamais les compenser par une
inventivité et audace formelle. Le recours aux poses 'cool' ne se
résume qu'a enrober les personnages (Reiko Ike et Tsunehiko Watase) d'un
voile mystérieux par des sifflement très western. Les fameuses
poses yakuza (jambes fléchies, bras tendu et paume offerte) si
incongrues apparaissent ici compléments désincarnées et
sans tension. Le canevas incroyablement indigent s'étale paresseusement
pour atteindre l'heure et demi réglementaire. Faute de
nouveautés, s'y répètent donc en mode mineur tous les
passages obligés venant briser la longue monotonie des dialogues : le
professeur s'égarant dans les douches des filles, quelques bastonnades,
le héros romantique qui viendra finalement en aide à
l'héroïne Loin de la spirale pessimiste de son
précédent opus (exit la thématique anti-USA), Animal
Classmates renoue avec une veine plus légère qui annihile
l'esprit de la série. Dans un élan très suzukien, Shimura
inscrit son récit dans une institution catholique où les cadres y
sont forcément lubrique et pervers. N'exploitant aucunement le potentiel
sulfureux de la thématique religieuse, ce lycée n'est en fin de
compte qu'une variation petit-bourgeois des instituts de redressement des
premiers épisodes.
Ce film sans panache
s'écroule alors inéluctablement dans la plus grande
indifférence. Quelques piqûres de rappels tentent bien de relever
la sauce (la présence déplacée d'une femme au fouet) mais
les vieux ressorts exploitationistes ne sont ici que trop fatigués. A
l'image de l'ensemble, Shimura dénué de toute ambition artistique
se contente de longues séquences désèpérement fixes
et sans inventivité, d'une palette graphique terne et de cadrages
académiques. Les quelques timides tentatives d'expérimentations
(dépucelage d'une élève) recourent mécaniquement
aux habituels procédés maisons (filtres chromatiques et
échos sonores). La séquence finale qui se veut une redite de
Lynchlaw classroom s'étale dans la pose pseudo-anarchisante sans
grande conviction. Un très faible épisode qui conclu de fort
malheureuse manière une série emblématique mais trop
inégale pour dépasser le simple attrait du charme
d'époque. S'il su proposer de belles fulgurances, jamais le
'terrifiant lycée de jeunes filles' n'arriva à
combler le potentiel sulfureux de la formule. Jamais à court de
motivation, la Toei lança en parallèle un succédané
masculin intitulé 'Cruel High School : Bad boy' (trois films de
Atsushi Mihori en 73-74) et d'autres variations dont notamment le très
rare College Girl's Secret: Pregnancy and Abortion tout simplement
interdit de diffusion! |