.Outlaw Killers - The Three Mad Dog Brothers
 
Titre original:
Hito-kiri Yota : Kyoken San-kyodai
   
Réalisateur:
Fukasaku Kinji
Année:
1972
Studio:
Toei
Genre:
Yakuza-eiga
Avec:
Sugawara Bunta
Tanaka Kunie
Mitani Noboru
Mihara Yoko
dre
Buté 

Sorte de relecture du sixième volet de la série des ''Modern Yakuza - Outlaw Killer (Okita le pourfendeur), The Three Mad Dog Brothers est un yakuza eiga typique de ceux réalisés par Fukasaku durant les années '70s.

Gondo est un jeune yakuza du clan des Murai. Tête brûlée, il assassine le chef du gang des Hokuto espérant ainsi gloire et reconnaissance parmi les siens. Pourtant, seul son fidèle ami Ohno l'attend à sa sortie de prison six ans plus tard, les deux camps ennemis ayant conclu une trêve juste avant l'assassinat. Plus ou moins rejeté des siens, Gondo fait bande à part et met notamment main basse sur un bordel illégal, où il s'entiche d'une jeune vierge. De plus en plus insouciant des conséquences, Gondo s'attaque au territoire occupé par les Hokuto, attirant la foudre du gang, éveillant l'intérêt de la police et s'exposant à la colère des Murai.

Au rythme de tournage de trois films par an, Kinji Fukasaku finit quelque peu par appliquer les mêmes recettes. Three Mad Dog Brothers ressemble donc fortement à sa série des Modern Yakuza, reposant sur la même trame d'un Bunta Sugawara en yakuza solitaire face à d'autres gangs. Exercice particulièrement difficile pour cause d'une difficile identification au protagoniste principal : si Sugawara interprète une nouvelle fois un homme d'une cool attitude imparable, totalement imprévisible dans ses accès de violence et se rebellant contre ses supérieurs, il n'en demeure pas moins un méchant à l'égoïsme radical et sans remords aucun. Violant une jeune vierge, puis la séquestrant pour la forcer à la soumission totale, il n'hésite pas à l'humilier en couchant avec une prostituée devant elle. Sans une once de culpabilité, il se bagarre jusqu'à la mort avec quiconque s'opposerait à lui. Normalement soumis au code d'honneur des yakuzas, il enfreint toutes les règles établies, jusqu'à refuser de se couper le doigt dans une séquence anthologique. Tous ces éléments, jusque dans sa trame narrative, avaient déjà été exploités dans de films antérieurs et notamment le fort ressemblant Okita, le pourfendeur ; pourtant la recette prend toujours. La principale cause - outre la présence charismatique de l'incontournable Bunta Sugawara - en est la maîtrise absolue de Fukasaku à mettre en scène son histoire. Son intrigue basique s'enchaîne parfaitement jusque dans son dénouement forcément tragique. La mise en scène st cette fois d'une légèreté étonnante, à commencer par la déambulation des personnages principaux en début du film, définissant clairement leurs caractéristiques en quelques plans stylisés poussant le vice jusqu'à faire des décadrages à 90° !

L'exploitation de la méthode de l'arrêt sur image n'est ici réduite qu'au seul exemple du viol de la jeune prostituée vierge ; toute la violence et méchanceté est rendue par quelques plans statiques, le dernier teinté en rouge et provoquant un malaise certain. La musique jazzy colle une fois de plus parfaitement à l'ambiance. Three Mad Dog Brothers n'est en rien innovant et même l'intrigue est d'une simplicité consternante ; en revanche, il est réalisé avec maestria et contient déjà toutes les esquisses embryonnaires qui assureront les futurs métrages de Fukasaku succès et reconnaissance mondiale.
 
Bastian Meiresonne