Titre
original:
Shiawase no
kiiroi hankachi |
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Réalisateur: Yamada
Yojii |
Année:
1977 |
Studio: Shochiku
Genre: Mélo |
Avec:
Takakura Ken Momoi Kaori Takeda
Tetsuyai |
dre |
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Road movie mélancolique
Lorsqu'on évoque les drames
grand-publics, le nom de Yamada Yoji s'impose tout de suite. Le
réalisateur de la très longue série des Tora-san
(47 volets!) s'est fait une spécialité de ces portraits de gens
simples et humains au sein du studio de la Shochiku. Yellow Handkerchief
appartient à cette catégorie, et bénéficie de la
présence du grand Takakura Ken, icône du japonais macho
romantique, ici reconverti dans les drames, sa glorieuse période du
ninkyou-eiga appartenant désormais au passé. Le film bifurque
assez rapidement vers le road-movie. Kinya, jeune séducteur, accoste
Akemi et l'emmène en ballade à bord de sa belle voiture flambant
neuve. Au détour d'un bar, ils vont croiser la route de Yusaku (Takakura
Ken) et poursuivre leur route ensemble.
Yellow Handkerchief se
concentre sur ces trois seuls personnages. Kinya incarne la jeunesse
insouciante qui pense plus aux filles qu'à l'avenir. Akemi, mal dans sa
peau, cache sa sollitude derrière un masque de froideur. Le personnage
de Yusaku est le pivot du récit, sa maturité, son
expérience mais aussi sa différence vont nourrir le récit.
Le film se construit autour des péripéties du trio, tantôt
comiques, tantôt violentes ou amères, elles les rapprochent
imperceptiblement. Au fil du temps qui passe, Yusaku se dévoilera petit
à petit. Personnage secret et énigmatique, il cache la blessure
d'un amour brisé. Le film se construit par de nombreux flashbacks autour
du passé de Yusaku, ces passages apportent une épaisseur
dramatique qui contrebalance l'apparente légèreté du trio.
Yellow Handkerchief réussi a décrire des tranches de vie
de manière juste et touchante. Takakura brille de son charisme habituel
et tire la prestations de ses partenaires vers le haut.
Yamada filme de manière
fluide et élégante. Son beau scope met en valeur les paysages
sauvages traversés. Au cours des nombreuses scènes à
l'intérieur de la voiture, il varie les styles pour retranscrire de
belle manière la sensation de liberté du voyage: vue subjective
du conducteur, paysage omniprésent en arrière plan, travelling
routier. Son film évoque la nostalgie d'un certain Japon des petits
villages et des gens simples ; une certaine douceur de vivre bien loin de
Tokyo. Film léger en apparence, l'émotion gonfle à
l'intérieur. Le beau final évite le larmoyant et réussi
à émouvoir.
Yellow Handkerchief est un
drame familial comme il en a été produit des centaines.
Cependant, il réussit sans peine à se distinguer de la masse. Son
dispositif séduisant (un road-movie) offre des personnages
intérressants et des situations crédibles. Yamada évite de
sombrer dans le mélo mièvre, son film touche juste et distille
une belle mélancolie teintée d'espoir. |
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