.Toda Hiroshi, illustre inconnu
 
 
Le fruit d'une passion


Toda Hiroshi
Hiroshi TODA est né à Fukui en 1951. Il a une sœur cadette de huit ans avec laquelle il n'a que peu d'affinités à cause de leur grande différence d'âge. Il se fascine très tôt pour le cinéma en regardant des films dès l'âge de quatre ans, assis sur les genoux de son grand-père. Des histoires racontées à l'écran lui donne l'impression que des portes s’ouvrent sur des univers parallèles. A sept ans, son père l'emmène pour la première fois au cinéma; ce sera une véritable révélation. Il va dès lors dévorer tous les métrages lui passant sous la main, principalement des films français. Encore aujourd'hui, il cite les œuvres de Robert Bresson et Jean-Pierre Melville comme ses principales références. A dix ans, un proche lui montre un film de vacances tourné en 8 mm. TODA comprend dès lors qu'il est tout à fait possible de réaliser des films par soi-même. A seize ans, son voisin – riche homme d'affaires – demande d'aider son fils à monter la maquette d'un train. En guise de remerciement, il lui offre une caméra 8mm. Six ans plus tard, TODA s'offrira sa seconde caméra avec son premier salaire. Se trouvant de réelles affinités avec les métiers du cinéma, l’aspirant réalisateur décide à la fin de sa scolarité de tenter le concours d'entrée des studios de cinéma les plus proches (la Toei à Kyoto); mais son père lui interdit de poursuivre dans cette voie. Tout comme du temps de KUROSAWA et d'OZU, le cinéma est encore considéré comme une activité bassement matérialiste, régi par les yakuzas et exercé par des voyous. Travailler dans ce milieu signifiait pour beaucoup de personnes le déshonneur de leurs familles. Ne voulant s'opposer à l'autorité parentale, TODA se résigne finalement à suivre des études d'infirmier en psychiatrie et de commencer à travailler dans un hôpital. Même si le rythme soutenu de ses études ne lui laisse que peu d'occasions, il n'en abandonne pas pour autant sa passion et profite du moindre temps libre pour continuer à tourner des métrages de son crû. Pas réellement satisfait de ses films, il décide – à 28 ans – de passer la vitesse supérieure; cherchant à tester les limites du support 8 mm. Il décide de réaliser son premier "long métrage", "Yohaku-no-machi" (1979) dont le tournage va durer près de quatre mois sans aucune difficulté notoire. Cherchant à le diffuser, TODA rencontre le gérant de l'actuel "Cinéma Métro" de Fukui qui avait assisté au tournage d'une scène du film dans un café. Impressionné par le résultat et par l'acharnement du jeune réalisateur à vouloir diffuser son film, le responsable du cinéma lui propose de projeter son travail dans son établissement. Les médias locaux aidant, près de 700 personnes viennent à la première et réservent un accueil chaleureux au réalisateur en herbe. Le film allait même jouer les prolongations en tête d'affiche de la salle de cinéma; mais TODA doit vite déchanter: son statut de fonctionnaire public ne l’autorise pas à cumuler deux emplois rémunérés. Il est donc obligé de renoncer à la projection commerciale de ses films, ce qui ne l'empêche pas de continuer à les montrer par le biais de Festivals, notamment de ceux de Tokyo et d'Osaka. Encouragé par la réaction largement positive des spectateurs et par sa propre excitation de découvrir ses créations sur grand écran, il enchaîne en 1981 par "Nightmare", un film d'horreur sur un couple. Il continue à tourner principalement des courts-métrages, mais n'étant pas satisfait de leur qualité, il les reniera et ira jusqu'à en brûler les négatifs.