.Toda Hiroshi, illustre inconnu
 
 
Petit deviendra long


Toda et sa caméra DV
Hiroshi TODA va marquer une "pause artistique" de près de huit ans. Ayant jusque-là travaillé comme un simple infirmier employé, il s'associe à un ami médecin pour ouvrir une clinique psychiatrique privée. Cette nouvelle étape importante dans sa vie professionnelle ne va pas sans mettre un terme provisoire à ses réalisations. Cette pause sera bénéfique à plus d'un égard. La vidéo ayant fait de gros progrès, TODA peut troquer sa vieille caméra 8mm tout en gagnant en qualité. N'ayant tout d'abord juré que sur la pellicule (8 mm), les récents énormes progrès en vidéo numérique ont fait changer d'avis le cinéaste qui troque sa vieille caméra contre une BETACAM, puis une DV numérique lui permettant de conserver sa rapidité d'exécution, mais également de développer le travail sur l'image et le montage. Hiroshi TODA ne vit que pour la réalisation. D'après son propre aveu, filmer lui revient comme la nécessité vitale de dormir, respirer ou manger. Réaliste, il admet qu'aucun réalisateur indépendant ne pourrait actuellement vivre de ce qu'il fait. La rentabilité est nulle et les supports financiers au Japon sont chiches et difficiles à obtenir.


Toda au festival de Papiermuhle
Son inactivité a décuplé sa volonté de tourner et il revient en 2002 nouveau projet soigneusement préparé. Tout d'abord pensé comme son dernier film, "Roku-Zizo" sera – au contraire – le symbole de sa renaissance. Débordant de créativité, TODA bouleverse également son approche de la réalisation : une histoire plus écrite, une mise en scène plus élaborée et la première rencontre avec sa future compositrice attitrée, Mikiko HASEGAWA. Ayant jusque-là refusé de recourir à des compositions musicales, TODA s'identifie totalement à l'univers de la femme dont les compositions n'interféreront jamais avec l'intrigue. Une fois le tournage achevé, le long métrage bénéficie de deux projections commerciales à Kyoto. Malgré la retransmission d'un important match de football de l'équipe du Japon alors en pleine folie Coupe du monde, les spectateurs seront fidèles au rendez-vous.


Tournage de "Snow in spring" (2004).
Sorti en 2004, "Snow in Spring" marque la première réelle volonté de TODA de montrer ses films à un large public. Le réalisateur multiplie les passages dans les destivals (Mannheim, Lyon, Tours) et enchaîne louanges et récompenses (Prix du Public au Festival Asiatique de Lyon en 2004, Prix du Meilleur Film Etranger au Festival de la Papiermühle en 2005). Une reconnaissance justifiée en vue du merveilleux sujet se référant autant à son expérience professionnelle qu'à des douloureux épisodes de sa propre vie. Le film marque également la rencontre entre le réalisateur et son futur acteur fétiche, Syozi YAMAMDA. Les deux hommes avaient fait connaissance à l'époque de la projection de "Yohaku-No-Machi". YAMADA caressait depuis toujours le rêve de jouer dans un film, mais avait dû – tout comme TODA – renoncer par respect envers sa famille opposé à ses projets personnels. Les deux hommes s'étaient promis de collaborer un jour ensemble. Les années passant et TODA déménageant, tous deux s'étaient perdus de vue; jusqu'à ce que le cinéaste le rappelle pour lui proposer le difficile rôle du père sénile dans le film. YAMADA délivre une rare et poignante performance d'acteur que bien des professionnels du métier devraient lui envier…


Tournage de "Gokuraku" (2004).
Plutôt qu'un nouvel essai dans un autre genre, "Gokuraku" (2004) s'apparente davantage à un résumé de la plupart des thèmes explorés dans l’univers de TODA. Parfait pour celui qui ne serait pas encore familier de son univers, le résultat ne constitue pourtant qu'une redite de sujets précédemment explorés. Seule l'intéressante déconstruction narrative, mêlant habilement rêve et réalité d'un vieil projectionniste, marque les débuts prometteurs du cinéaste dans le montage numérique.
Enchaînant les tournages, TODA tourne la même année "September Steps", film renouant avec le genre horrifique suite à son – désormais détruit – "Nightmare". Pensé comme un survival d'une jeune fille prisonnière d'un déséquilibré mental dans un musée désaffecté, l'œuvre dévie vers une fascinante interprétation personnelle de la métempsychose (doctrine selon laquelle une âme peut animer successivement plusieurs corps humains). Une brillante démonstration de la versatilité de TODA à pouvoir diversifier les genre.