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.Hiroko Govaers, entretien et réflexions |
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Découverte et
promotion du cinéma japonais |
•
Pourriez-vous
nous relater votre parcours cinéphilique ? Quel
a été votre premier coup de foudre cinématographique,
et ce qui vous a poussé à faire de la promotion
du cinéma japonais votre métier ?
![](/Personnes/Govaers_Hiroko/hiroko1.jpg)
Hiroko
Govaers - © Photo : Caroline Maufroid - 02/06 |
Mon histoire d’amour avec le cinéma
japonais n’a pas commencé par un coup de
foudre. Quand j’étais lycéenne, puis
étudiante, j’étais folle de cinéma
français. D’ailleurs, le premier film que
je suis allée voir toute seule, hors du cadre scolaire,
est "Jeux Interdits". Au lieu de suivre les
cours, j’allais tout le temps au cinéma.
C’était d’ailleurs une belle époque
cinématographique. Bien sur, j’avais vu quelques
films japonais, mais en définitive assez peu et
plus par intérêt pour tel ou tel acteur que
pour le réalisateur.
Prenons l’exemple de "Rashômon"
: Ce film n’avait été à l’affiche
qu’à peine une semaine. Comme le producteur
n’avait pas du tout compris le film, il l’a
exceptionnellement retiré de l’affiche après
4 ou 6 heures de représentation publique. Je n’avais
pas non plus vu "Contes de la Lune Vague après
la pluie". Mon intention première, quand je
suis venue en France, c’était de faire des
études pendant 2 ou 3 ans, puis de rentrer au Japon
et de travailler pour l’importation de films étrangers,
et surtout français. Je suis arrivée à
Paris en 1962, en tant qu’étudiante. J’ai
bien évidemment vu beaucoup de films. Je fréquentais
la Cinémathèque Française, où
j’ai rencontré Henri Langlois, qui est devenu
l’un de mes deux mentors. A force de fréquenter
le lieu, j’ai rencontré beaucoup de gens
qui me posaient des questions sur le cinéma japonais,
ce qui a motivé mon intérêt. C’est
comme ça que j’ai commencé à
voir des films japonais, et à travailler pour le
cinéma japonais. Ma première motivation
pour le cinéma japonais a donc été
surtout impulsée par mon entourage.
• Il y a eu une grande
rétrospective sur le cinéma japonais en
1984 à la Cinémathèque Française
à laquelle vous avez activement participé.
Comment, pourquoi, avez-vous décidé, à
ce moment là, de présenter le cinéma
japonais en France, et dans quelle optique avez-vous
travaillé ?
Cinematheque
Langlois |
En 1963, La Cinémathèque
française a ouvert la salle de Chaillot. Leur première
initiative a été l’initiation au cinéma
américain, la seconde au cinéma japonais,
sous l’impulsion de Henri Langlois. Ce fut la première
rétrospective de cinéma japonais organisé
à la Cinémathèque. C’est à
cette occasion que j’ai pu voir des films japonais,
parce que j’étais complètement “
vierge ” dans le domaine. J’ai alors rencontré
madame Kawakita qui fut mon second mentor. Avec son mari,
elle faisait carrière, depuis avant la guerre,
dans l’import de cinéma européen,
surtout allemand, français, et italien. Elle aussi
avait été initiée au cinéma
par Henri Langlois, et a fondé ce qu’on appelait
à l’époque JAPAN FILM LIBRARY COUNCIL,
dont le but était de promouvoir le cinéma
japonais à l’étranger. J’ai
travaillé avec elle pour cette institution, et
en suis devenue la correspondante en France. Nous avons
organisé quelques manifestations, par réalisateur
ou thématiques, avec par exemple, et dans le désordre
: “ Famille japonaise”, “la femme japonaise”,
“l’histoire du Japon”. A partir des
années 1970, c’est devenu un événement,
une programmation annuelle que nous faisions circuler
dans le monde entier. Nous avons travaillé en France
avec la Cinémathèque Française à
Paris, mais aussi à Londres avec le British Film
Institute, à New York avec le Moma, etc.
En 1982, j’ai voulu organiser
une grande manifestation sur tout le cinéma japonais.
Costa Gavras était président de la Cinémathèque
Française à l’époque. Ensemble,
nous nous sommes mis d’accord sur une grande rétrospective
de cinéma japonais. Au début, il voulait
une centaine de films. Mais, après réflexion,
je lui ai dit que ce n’était pas suffisant
: Nous nous sommes alors mis d’accord sur 300
films. C’est comme cela que j’ai commencé
à faire la programmation, à gérer
les contacts, etc. Cette phase a duré un an et
demi. Et au bout du compte, nous sommes arrivés
à 600 films ! C’est ainsi que la rétrospective
a duré un an et demi, presque 2 ans.
La rétrospective de la Cinémathèque
Française se composait de 3 cycles.
-Le premier était axé sur l’Histoire
du Cinéma Japonais, que j’ai volontairement
arrêté en 1970.
-Le second s’articulait autour des films de genre,
policier, mélodrame, etc
-Le troisième était dédié
au cinéma contemporain.
• Comment avez-vous effectué votre
sélection ?
![](/Personnes/Govaers_Hiroko/Catalogue.jpg)
Catalogue
de la retrospective - 1983 |
J’ai procédé en
trois temps : J’ai tout d’abord beaucoup
lu l’histoire du cinéma japonais afin de
me documenter le plus possible. Je me suis ensuite heurtée
au problème de la disponibilité des copies
: beaucoup ont été perdues, pendant la
guerre, pendant les tremblement de terre, etc. Une grande
majorité des films sont venus du Japon, mais
aussi de l’étranger. Le cinéma japonais
était dominé par de grandes majors, qui
produisaient 4 à 5 films par mois. Ces dernières
possédaient souvent des salles, succursales ou
des bureaux aux Etats-Unis, surtout en Californie pour
montrer les films aux ressortissants japonais. Ces films
étaient souvent sous titrés en anglais.
Beaucoup de ces films ont été détruits,
mais Films Archive a tout de même pu en récupérer
et en conserver. Je pense que même maintenant,
il faut remonter jusque là-bas si on veut faire
quelque chose. Connaissez-vous Pacific Treamer Guide
? C’est à L’université de
Californie, section Berkeley. J’ai en effet appris
qu’il y avait beaucoup de films japonais là
bas, et qu’ils disposaient d’un catalogue
important Je ne sais pas exactement combien de titres
ils en possèdent, mais c’est de l’ordre
de plusieurs centaines, si ça n’est pas
milliers. Je m’y suis donc rendue pour la sélection.
Dans un dernier temps, j’ai privilégié
les films avec sous titres, anglais, ou français
si ceux-ci étaient disponibles.
• Quel a été
le public de cette immense rétrospective ?
A cette époque, les films ont
été diffusés dans deux salles :
La plupart des films étaient diffusés
à Chaillot, mais ceux qui étaient plus
difficiles étaient projetés Rue d’Ulm
à l’Institut Pédagogique, dont la
programmation d’une des salles était donnée
à la Cinémathèque Française.
Il y avait, à l’époque, des fans
de cinéma japonais très assidus. Dès
qu’il y avait la diffusion d’un film japonais,
ils venaient le découvrir. Une bonne dizaine
de personnes venaient tout le temps, à chaque
séance. Le public était bien entendu composé
d’étudiants, qu’on peut diviser en
deux catégories : ceux spécialisés
dans le Japon, d’un point de vue historique, économique,
…et ceux intéressés par le cinéma.
Mais les plus fidèles étaient les retraités,
parce qu’ils ont du temps. Les salariés
et les actifs ne peuvent pas aller au cinéma
chaque jour.
Les personnes qui ont vu le plus de films étaient
souvent des professionnels intéressés
par le cinéma japonais, comme Jacques Rivette.
Mais ils représentaient 3 à 5 personnes.
Une fois, lors d’une discussion avec un ami, nous
avons évoqué la personne qui en avait
vu le maximum, c'est-à-dire environ 400 films.
Il était vraiment très fidèle.
• Quelles sont les difficultés
majeures auxquelles vous avez été confrontée
et quel bilan en tirez-vous 20 ans après à
l’heure ou l’accessibilité au cinéma
japonais s’est considérablement amélioré
grâce à l’apparition du support DVD
notamment ?
A
l’époque, quels réalisateurs japonais
étaient connus en France? A part Mizoguchi, Kurosawa,
un peu Kinoshita, Shindo parce qu’il avait reçu
le grand prix à Moscou… Cela fait 5 ou
6 personnes maximum. Ces rétrospectives ont tout
de même bien contribué à la promotion
du cinéma japonais. Bien sur, de films très
connus comme "Contes de la Lune Vague" ou
"Rashômon" ont été rediffusés.
Mais Hideo Gosha, qui était un réalisateur
complètement inconnu, a lui aussi été
présenté. Dans les années 1980,
on a aussi réalisé un hommage a Gosho,
un autre cinéaste qui a fait le premier film
parlant japonais, qui a couvert la période du
muet à celle de l’après guerre.
![](/Personnes/Govaers_Hiroko/samouraiwolf.jpg)
samourai
wolf - Gosha Hideo (1966) |
onibaba
- Shindo Kaneto (1965) |
Si vous me demandiez si je serai prête
à recommencer cette expérience, je ne
sais pas comment y répondre. Le Japon est devenu
beaucoup plus proche de nous géographiquement,
et la situation du cinéma japonais a beaucoup
changé : En ce moment, le cinéma japonais,
surtout les films d’animation, est déjà
bien introduit en France. On pourrait presque dire que
la nécessité de recommencer cette expérience
n’existe plus.
• Comment voyiez vous la querelle de
clocher qui agitait le petit milieu cinéphile
parisien entre pro- Mizoguchi et pro- Kurosawa ?
![](/Personnes/Govaers_Hiroko/jetonsleslivres.jpg)
jetons les livres, sortons
dans la rue (1971) |
Les français étaient surtout
fans de Mizoguchi, tant que Kurosawa plaisait surtout
aux Etats-Unis et dans les pays anglo-saxons. Il y a chez
Kurosawa une forme d’héroïsme, qui a
moins touché les français que les histoires
contées par Mizoguchi. Les films de Mizoguchi sont
complètement japonais, et on ne peut pas l’imaginer
traiter des sujets en France ou dans des pays occidentaux.
Il faut prendre en considération le fait que l’intérêt
pour le cinéma japonais, en France mais aussi en
Occident, a reposé en grande partie sur l’exotisme.
Une fois, alors que j’organisais un festival de
cinéma japonais dans une ville de Province, et
présentais le film “
Jetons les livres, sortons
dans la rue
”, j’ai vu à
la fin du film des “ bonnes dames ” qui sortaient
de la salle vraiment furieuses, en disant “ je ne
suis pas venue ici pour voir une japonais en mini jupe
”. Pour elles, une femme japonaise devait être
en kimono.
![](/Personnes/Govaers_Hiroko/Yasujiro_Ozu.jpg)
Yasujiro Ozu |
Ozu a été découvert
à l’étranger aux Etats-Unis. En France,
on ne l’a découvert que très en retard,
presque vingt ans après sa mort. Le fait que ce
soit les américains qui aient découvert
Ozu reste une énigme, que j’aimerais bien
analyser un jour. Comme les américains étaient
les pionniers à conquérir l’Ouest
américain, je pense que la question des liens familiaux,
dans les bons et mauvais sens, était très
importante, se serait-ce que par les mariages arrangés
par les parents, ou l’entraide entre les membres
d’une même famille. Je ne connais pas suffisamment
les américains, mais peut être pourrait-on
trouver un point commun entre eux et les japonais. Alors
que les français sont très individualistes,
et donc très éloignés du monde de
Ozu. Ce que je regrette beaucoup, c’est que Kurosawa
est à présent bien connu, et depuis longtemps,
mais les films qui étaient connus et diffusés
en France n’étaient que les films historiques
comme Rashômon ou les Sept samouraïs. Quelques
films contemporains ont suivi, mais il en reste encore
3 ou 4 qui restent encore dans les tiroirs.
• Quelle sont les difficultés majeures
rencontrées par le cinéma japonais pour
trouver son public en France ?
Tout d’abord, il n’y a pas
de réseau pour le cinéma japonais. J’ai
vraiment dû faire du porte à porte pour
essayer de le faire connaître auprès des
programmateurs des salles de cinéma d’arts
et d’essai. Mis à part pour les films d’animation
ou d’épouvante, sciences fiction, domaines
ou les japonais étaient assez forts, mais qui
deviennent à présent universels, il n’y
a pas vraiment de structures efficaces pour assurer
la distribution des films japonais. En effet, on ne
peut les valoriser ni par leur thème, ni par
la réputation des acteurs, sauf éventuellement
Takeshi Kitano, et auparavant Toshiro Mifune. Certaines
très grandes actrices japonaises, comme T. Takanata
- pour laquelle j’ai réalisé un
hommage : elle a été la première
femme réalisatrice dans les années 1950
- sont complètement inconnues en Occident. Même
en Angleterre Simone Signoret ou Greta Garbo sont connues,
mais il n’y a aucune actrice japonaise qui atteigne
leur degré de réputation. Je remarque
tout de même un certain changement de situation
actuellement pour les films d’animation, notamment
de Miyazaki et Takahata, et les films de Takeshi Kitano
qui devient une sorte de vedette.
• Donc finalement, la
meilleure promotion pour le cinéma japonais reste
les festivals ? Cela signifie-t-il qu’en 50 ans,
la situation n’a pas changé ?
En ce sens, oui. Mais je pense que cette
situation est la même pour tous les films étrangers,
même ceux d’Europe de l’Est : C’est
surtout grâce aux Festivals, et aux “ critiques
” que les films commencent leur carrière
ici.
• Que pensez-vous des
sélections qui sont opérées dans
les festivals ? Ceux sélectionnées parmi
les films japonais vous paraissent-ils vraiment représentatifs
?
![](/Personnes/Govaers_Hiroko/festivaldeCannes.jpg)
festival de Cannes |
Prenons l’exemple de Cannes. Il est
vrai qu’il y a eu de très bonnes sélections
réalisées certaines années, d’autres
où c’était “ n’importe
quoi ”. Il en va de même pour les films primés,
qui dépendent aussi des jurys. Mais en général,
ils ont tout de même une certaine valeur morale
et universelle : les membres du jury ne sont pas des idiots,
même si parfois leurs points de vue divergent. La
carrière d’un film japonais en Occident commence
presque toujours par un festival. C’est d’ailleurs
pour cela que beaucoup de producteurs et de réalisateurs
envoient leurs films dans de grands festivals, même
s’ils sont mauvais : “ Puisque j’ai
produit le film, et qu’il m’a coûté
tant, je l’envoie dans les grands festivals ”.
Ces films sont bien évidemment rejetés lors
des présélections. Prenons l’exemple
de Cannes, je pense qu’à l’heure actuelle,
où il est plus facile d’envoyer une cassette
que 35 lourdes bobines de films, il est envoyé
entre 10 et 20 films par an. Mais il faudrait poser la
question directement aux programmateurs de festival.
• Quels sont à
votre avis les films japonais qui ont eu le plus d’impact,
d’écho auprès des spectateurs français
?
Au début, le public occidental
était surtout marqué par les Samouraïs.
Mais des thèmes contemporains, c’est l’érotisme
qui a attiré le plus le public. Prenons les réalisateurs
Masumura ou Wakamatsu. Wakamatsu continue à réaliser
de petites productions, mais certains de ses films sont
tout de même sortis en Europe, ainsi qu’un
certain nombre de romans porno de la Nikkatsu après
1970 : La compagnie avait fait faillite, et pour relancer
leur production, ils s’étaient lancés
dans la production de films érotiques. Certains
sont parvenus en France, notamment dans les festivals
culturels spécialisés. Evidemment, l’érotisme
est partout dans le monde, et la production de films
érotiques mondiale est colossale. L’érotisme
n’est pas spécifique au cinéma japonais.
![](/Personnes/Govaers_Hiroko/passion.jpg)
"Passion"
- Masumura (1964) |
go
go second time virgin (Wakamatsu, 1969) |
En ce qui concerne la politique, à
part les réalisateurs engagés et la Nouvelle
Vague, ça n’intéresse que très
peu les gens en général. Dans Eros+ Massacre,
par exemple, nous avons utilisé l’érotisme,
mais le thème était ailleurs. C’est
pareil pour Oshima. Mais à part ça, il
ne faut pas aller jusqu’au cinéma japonais
pour trouver de l’érotisme.
•
Le cinéma érotique
contemporain connaît d’ailleurs depuis les
années 90 un renouvellement très intéressant
qui a vu naître de vrais auteurs intéressants
(Takahisa Zeze, Toshiki Satou, Mitsure Meike), qu’en
pensez vous ?
D’abord, Takahisa Zeze, ça
ne fait pas un nom japonais….Et Meike n’est
pas un nom de famille japonais non plus. Zeze, si c’est
correct, ce doit être un pseudonyme….Ces
noms ne me disent vraiment rien, et j’aimerais
bien savoir d’ou viennent ces réalisateurs.
Mais je ne cache pas que je ne suis pas allée
au Japon depuis 2004…Mais donnez-moi la liste
des films, et vérifiez l’orthographe de
ces noms, cela m’intrigue.
•
Que pensez-vous des choix
des films japonais distribués en France, et ne
pensez-vous pas que ceux-ci présentent une image
trop intellectualisante, qui l’empêcherait
de glaner un nouveau public ?
Ca
n’est pas tant un problème d’intellectualisme…
Connaissez-vous le nom de Tora San ? C’est le
nom d’une série comique de 45 films qui
s’est arrêtée à la mort de
l’acteur principal Kyoshi Atsumi. Ils ont d’ailleurs
eu raison d’arrêter parce que cet acteur
était vraiment irremplaçable. Ces films
ne sont pas sortis en France. J’en ai vu la plupart
à chaque fois que je rentrais au Japon. Il y
en a parfois des séances à l’Ambassade
du Japon à Paris.
•
Pensez-vous que la culture
japonaise offre une alternative à la culture
américaine, ce qui explique le regain d’intérêt
pour ce cinéma à l’heure actuelle.
Et surtout, ce regain d’intérêt actuel
pour le Japon est-il réel, ou n’est-il
qu’une succession d’effets de mode qui n’est
finalement pas plus présent qu’un autre
?
Les Français sont intéressés
par le Japon de longue date, et à l’art
japonais notamment avec le japonisme, les Ukyoe, les
estampes, qui ont influencés les peintres Français.
Je ne sais pas pourquoi les Français ont été
intéressés, mais cela a surtout commencé
par les Beaux Arts. Je ne parle pas du tout de la musique,
ou l’influence est très faible. Pour la
littérature, se pose toujours le problème
de la Traduction. Ce qui est étonnant est le
grand nombre de livres japonais traduits en Français.
•
Que pensez-vous des sous
titres, des doublages ?
Leur qualité est assez inégale.
Dans le temps, j’ai fait beaucoup de sous titres,
notamment des Ozu, et évidemment les films de
Terayama. Je travaillais bien sur avec un français
d’origine. Mais l’habitude de signer le
sous titrage est assez récente. Je ne pense pas
que ça existait déjà dans les années
1970.
Je ne pense pas qu’un bon sous titrage contribue
au succès d’un film, mais ceux-ci font
parfois rire le public. Dans les années 1950,
il y avait des “ adaptations à la française
”, mais on est dans une tendance au re-sous-titrage
fidèle, et à la traduction condensée.
•
Pour finir, j’avais
lu une interview d’une personne qui parlait des
rapports culturels entre la France et le japon, et les
comparait à une homme et une femme, très
amoureux l’un de l’autre, mais qui ne se
comprenaient absolument pas. Que pensez-vous de cette
image ? Que pensez-vous, pour un public français,
de la possibilité d’une réelle compréhension
du cinéma japonais. Il y a un amour, une fascination,
une admiration…
Je pense que évidemment, même
pour un public français qui va voir un film français,
il peut y avoir des problèmes de compréhension,
et cela dans tous les domaines, la littérature
par exemple. Il y a ce qu’on aime, et ce qu’on
n’aime pas. Même si la différence
de civilisation a une certaine influence, je pense que
celle-ci est extrêmement tenue à notre
époque. La problématique est la même
pour tous les cinémas, qu’ils soient russes
ou japonais. Et la marge entre comprendre “ normalement
”, et comprendre “ à fond ”,
c’est encore une autre chose.
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