.Sion Sono, posture ambiguë
 
 
Pause artistique


"Nous ne sommes pas des artistes de rue, mais des citoyens ordinaires qui passent à l'action".

Projet Tokyo Gagaga

En 1994, Sion apparaît dans son propre rôle dans le documentaire devenu culte depuis, Otaku du français Jean-Jacques Beineix (existant dans – au moins – trois versions différentes, de 52, 77 et 168 minutes respectivement). Contacté par le co-réalisateur, Jackie Bastide, Sion se sent finalement très peu en phase avec le sujet principal et donne sa vision très personnelle des otakus . Le documentaire film permet de montrer une vision inédite de ses activités extérieures en tant qu'artiste – et notamment en tant que membre du groupe d'intervention Tokyo Gagaga . En effet, Sion ne sacrifie pas son temps à sa seule passion cinématographique. Entre 1992 et 1997, il se concentre sur des travaux artistiques dont notamment à son ambitieux projet Tokyo Gagaga , énorme happening de ‘guerilla urbaine' de plusieurs semaines qui rassemblera jusqu'a près de 2000 participants venant de tout le Japon pour défiler dans les rues de la capitale : " Tokyo Ga Ga Ga est un moyen de communication, une voix contre l'immobilité qui existe dans tout le Japon. La ville elle même ne fonctionne plus. On ne se parle plus que d'une pièce à l'autre. Les rues ne sont plus que le passage que d'un lieu à un autre. Autrefois, la ville offrait un lieu pour s'exprimer. La ville elle même s'exprimait. Maintenant, elle n'est plus qu'un couloir. Nous nous exprimons dans cette ville réduite aux transports ". Sous le regard interloqué des passants, les intervenants marquent des temps d'arrêt dans les principaux lieux symboliques de la ville pour y clamer leurs slogans et barioler de couleurs des murs grisonnants. Ce happening attire une large attention de la part des médias et de la police, il donnera aussi lieu à la publication d'un livre concept.

I am Keiko

En 1997, Sion repasse à la réalisation avec I am Keiko ( Keiko Desukedo) sur un dispositif proche de son court I am Sono Sion ! !. En sondant les troubles obsessionnels d'un jeune serveuse cloîtrée dans son appartement, ce portrait sensible se double d'un regard froid et distant sur une société japonaise déshumanisée. A la mort de son père, la jeune femme se soudainement met mettre à enregistrer chaque minute de ses trois dernières semaines précédant son 22 e anniversaire. Sono Sion y détaille un nouveau personnage obsédé par le temps qui passe, à l'instar de Keita dans Bicycle Sighs ou de Mutsugoro Suzuki dans le futur Comme dans un rêve . L'année suivante voit la réalisation de deux nouveaux moyens-métrages, l'un de 26 minutes, Wind ( Kaze ) et l'autre de 60 minutes, Dankon: The Man , une nouvelle histoire évoluant autour d'un psychopathe, interprété par Takeshi Ito, acteur emblématique du renouveau du pinku eiga , rencontré sur le tournage de, I hate you…not d'Eiichi Uchida en 1992.


Sex master
Un milieu du pinku auquel la rumeur le crédite de la réalisation de plusieurs opus gay .. à la grande surprise de son auteur ! (voir interview). Sex Master – Body Pottery (1999) est en effet son seul apport (hétero) au genre. Si le récit recycle l'univers récurent du monde de la poterie, l'humour et les excès du réalisateur le distingue de ses congénères. Loin d'être une œuvre mémorable, on y sent un Sion en roue libre injecter délire et vulgarité mêlées dans un concours de poterie (aux concurrentes usant de techniques spéciales bien ciblées) se finissant dans une orgie délurée et inoffensive. En 2000, Sono Sion revient à des projets plus ambitieux et indépendants, tournés avec peu de moyens et en collaboration avec ses amis. Utsushimi se pose comme un bon délire entre potes, incluant – dans leurs propres rôles - les trois artistes Akaji Maro (maître de l'art du butoh) Shinichiro Arakawa (créateur de mode) et Sono Sion lui-même (en plus de Nobuyoshi Araki, l'un des plus populaires photographes contemporains nippons). Le film est tourné à la manière d'un (faux) documentaire et relate les efforts des artistes à jouer les entremetteurs d'une lycéenne, tombée éperdument amoureuse d'un chef cuisinier. 0cm4 ( Paris Collective Passion ) est un métrage expérimental sur un malvoyant dont la vie change du tout au tout le jour d'une intervention chirurgicale pour rétablir sa vision des couleurs. A noter que la lumière singulière est signée Kazuhiro Suzuki, chef opérateur attitré du réalisateur indépendant Ryuichi Hiroki ( It's only talk , Vibrator , Tokyo Trash Baby ). Interprété par Masatoshi Nagase, les deux hommes deviennent de très proches amis.

Utsushimi
OCM 4