Suicide Club |
Évoluant dans un milieu indépendant, personne n'aurait pu prévoir la tournure qu'allait prendre la carrière de Sion en 2001 avec la réalisation d'un petit film au scénario écrit en bout de table au cours d'un festival, tourné en à peine deux semaines et monté en quatre. Un film surtout resté en mémoire par son incroyable scène du suicide collectif d'une cinquantaine de lycéennes guillerettes se jetant main dans la main sous le métro. Regroupant amis proches (Masatoshi Nagase, Maro Akaji) et vedettes nationales confirmées (Ryo Ishibashi), Sion réussit avec Suicide Club un grand écart remarqué en conjuguant ses thématiques obsessionnelles à des impératifs de film "grand public" tout de même réservé à une audience avertie. Sion va d'ailleurs décliner l'univers du film, en publiant un livre, Suicide Circle: The Complete Edition ( Jisatsu Saakuru: Kanzenban ), qui donnera plus tard lieu à une suite officieuse ( Requiem pour Noriko , son adaptation sur pellicule), puis en créant ensuite un manga en collaboration avec Usumaru Furuya ( La musique de Marie ), dont l'histoire s'écarte sensiblement du postulat de départ.
Tournage "Suicide Club" |
Absent des écrans pendants trois ans, Sono Sion n'en continue pas moins de tourner des projets qui marqueront son retour éclatant en 2005 avec pas moins de cinq nouveaux films projetés. Dans sa droite lignée de la provocation et du mauvais goût grotesque, Strange Circus ( Kimyô na Sâkasu ), poursuit l'exploration de son univers et signe le retour sur grand écran de la mythique actrice Miyazaki Masumi – après plus d'une décennie d'absence – dans pas moins de quatre rôles différents. Nouveau brûlot provocateur, il s'agit également d'un prolongement de son regard la cellule familiale nipponne. Entre temps, Sion se permet une petite pause récréative et un retour aux sources avec un film tourné en quelques jours et en DV, Comme dans un rêve ( Yume no Naka e ). Dans la lignée de Bicycle Sighs et I am Keiko , il met une nouvelle fois en scène un personnage face au temps qui lui échappe narrant l'histoire d'un homme de retour dans son village natal afin d'y retrouver la fille lui ayant transmit une MST. Tournage libéré de toute contrainte technique, il va renouveler l'expérience avec Hazard , une drôle d'odyssée urbaine, tournée clandestinement en quelques jours à New York en vidéo digitale, avec le proche concours des acteurs montants Joe Odagiri et Motoki Fukami Soit le portait du jeune Shin, partant sur un coup de tête aux Etats-Unis et qui sera rapidement entraîné dans une spirale descendante de drogue et de petits coups bas en compagnie de deux jeunes frappes. Une œuvre bancale où l'approche documentaire ne fait pas oublier la peinture stéréotypée de la mégalopole pluri-éthnique, des préjugés que le film de Sion prétendait pourtant dénoncer.
Sion retrouvera l'acteur Joe Odagiri en 2006 pour sa première incursion dans le monde de la télévision en signant un épisode de la série des Jiko Keisatsu (en collaboration avec Ryo Iwamatsu, Kera, Satoshi Miki et Renpei Tsukamoto). Quant à Motoki Fukami, Sion le fait à nouveau tourner aux côtés de la mannequin (et pour cause) Yukie Kawamura dans le drame Balloon Club ( Kikyu kurabu, sonogo) parabole douce-amère sur le passage à l'age adulte. Une fibre plus commerciale vers laquelle le réalisateur semble vouloir se rapprocher avec sa dernière production (Toei) en date, Exte: Hair Extensions ( Ekusute ), une contribution bien personnelle au genre éprouvé du film de fantômes. Parmi ses projets évoqués, le réalisateur évoque son souhait de s'essayer au genre de la comédie ainsi que de livrer The Box , un projet expérimental qui se veut la métaphore d'une Japon cloisonné et isolé du reste du monde.
Bastian Meiresonne