.Toda Hiroshi, illustre inconnu
 
 
Souvenirs, souvenirs


"September steps".
Si un certain réalisme se dégage de son univers, le comportement de beaucoup de ses protagonistes contraste avec l’ensemble. Ayant en horreur les stéréotypes caricaturaux, TODA met beaucoup de soin à inventer des personnages hauts en couleur, souvent inspirés de lubies de certains de ses patients en psychiatrie. Bien qu'il s'en défende à chaque fois que la question lui est posée directement, le réalisateur aime à s'inspirer d'éléments autobiographiques pour alimenter ses intrigues.
Les films de ses débuts ayant malheureusement été volontairement détruits, "Gloss" (le premier encore existant) se réfère explicitement à sa propre vie. Contant l'évasion fantasmée d'un interné en clinique psychiatrique, TODA avoue avoir voulu réaliser la synthèse de son travail professionnel. Dans "Wayajan", le personnage du mystérieux auto-stoppeur fait état d'une passion incontrôlable pour la recherche de fossiles. "Summer Park" se base sur un trauma d'enfance du réalisateur (la peur de l’abandon soudain de ses parents); "Snow in Spring" se réfère au souvenir de son père paralysé qu'il portait sur le dos, puis d'un étrange repas pris avec des membres de sa famille, qu'il n'avait jamais rencontré auparavant. Enfin, "Six-Jizzo" et "Gokuraku" contiennent des passages violents tournés en Noir & Blanc que TODA justifie par rapport à son ressenti lorsqu’il se tient au lit de mort de certains de ses patients. Si certains éléments sont plus clairement perceptibles que d'autres; l’utilisation du souvenir chez TODA sert avant tout à créer un décalage entre la réalité et l'illusion, élément remarquable de l'univers si particulier du cinéaste. Même si l’ambiance d’étrangeté séduit et se suffit d’elle même ; l’approche peut se révéler frustrante pour qui ne se laisserait pas happer par l'étrangeté de la situation, l'univers est comparable à celui d'un David Lynch où certains éléments ne peuvent être interprétés sans posséder les clefs – souvent très personnelles – du réalisateur. Ainsi, même sans savoir que TODA se réfère à l'étrangeté d'un repas de famille, il n’est pas besoin de décoder la scène de la maison dans la forêt dans "Snow in Spring" pour apprécier la rupture féerique – ou plutôt cauchemardesque !- qu’elle confère à l’entame de film.