.Nakata Hideo
 
 
Burn Hollywood, burn


"Dark Water" (2001)
Les sirènes des studios hollywoodiens n’ont pas mis longtemps à se manifester et à faire de l’œil à NAKATA. Cinéphile, le réalisateur ne pouvait décemment refuser une telle opportunité ; mais son constat après plus de trois ans passés à Hollywood est plutôt amer. Trouvant la vie américaine ennuyeuse, il souffre de ne pouvoir aboutir plus rapidement avec ses nombreux projets. Cantonné dans le registre du film fantastique et d’horreur, chaque étape de la procédure d’un film s’accompagne d’interminables discussions et de prises de décisions de personnes ne connaissant souvent pas grand chose au cinéma. Là où NAKATA mettait moins de six mois à faire aboutir un projet au Japon depuis sa pré- jusqu’à sa post-production, les américains mettent parfois plusieurs années. Enfin, il a du mal à s’accommoder au principe américain du test-screening soumettant régulièrement des pré-montages du film à un public anonyme ; leurs réactions décideront des coupes à effecteur et parties à retoucher.
Introduit par le producteur Roy LEE ("Ring", "Dark Water", "The Grudge"), MGM lui confie la préparation du thriller "True Believers" ; projet abandonné, suite à sa reprise par les studios DIMENSION en 2004, demandant à ce que le scripte soit totalement remanié (entendre par là : que le projet soit enterré).
En même temps, que sa nomination – selon lui purement fortuite – dans la liste annuelle des cent personnes les plus influentes d’Hollywood dans le prestigieux Time Magazine, DreamWorks profite du désengagement du cinéaste de son précédent projet pour lui proposer la réalisation de "Ring 2".
La réalisation du remake du premier épisode avait été confié à l’artisan Gore Verbinsky. NAKATA avoue aimer cette version de par son atmosphère et du respect du matériel d’origine. Le public américain avait réservé un accueil triomphal au film lors de sa sortie.


Hideo Nakata sur le tournage de "The Ring",
le remake américain (2002)
Suite au relatif succès d’un autre remake par son réalisateur japonais d’origine, "Ju-On – The Grudge" de SHIMIZU Takashi, DreamWorks se voit conforté dans son idée de faire appel à celui qui est à l’origine du succès mondial de la série des "Ring", Hideo NAKATA lui-même.
"The Ring 2" est moins une nouvelle variante horrifique du célèbre épisode de la cassette maudite, que la relation entre une mère et de son fils. L’exploitation du thème de l’eau et de la relation maternelle renvoie directement à "Dark Water". NAKATA avoue avoir été frustré sur le tournage japonais de n’avoir disposé d’un plus grand budget pour rendre l’eau encore plus inquiétante et d’avoir – au contraire – abusé de la chance de disposer d’un confortable budget américain pour expérimenter davantage les effets spéciaux quant à la matière liquide. L’apparition de Sissy Spacek n’est – selon le propre aveu du cinéaste – pas un clin d’œil intentionnel envers les fans des films d'horreur adeptes du classique "Carrie", mais une simple décision de casting. Cette séquelle a enregistré des scores honorables pour son exploitation américaine, même si elle a été loin d'égaler les scores de son prédécesseur, réussissant à se construire une solide réputation par un bouche-à-oreille favorable.
Parallèlement, les américains ont également tiré un remake de son "Dark Water". Approché dans un premier temps par les producteurs pour envisager la possibilité de travailler ensemble, ces derniers ont finalement jeté leur dévolu sur le brésilien Walter Salles. Ils ont motivé leur choix final par le fait de ne pas vouloir faire répéter à NAKATA un film déjà fait à l’identique ; seule pierre à l’édifice de ce qui sera un cuisant échec au box-office américain, l’actrice Jennifer Connely dans le rôle principal, que NAKATA avait proposé aux producteurs.