.Tsukamoto Shinya
 
 
Été torride


"Snake of June" (2002).
"Snake of June" est un grand pas en avant dans la filmographie de TSUKAMOTO. Parfaite prolongation des ses précédentes oeuvres, le réalisateur entame un revirement clairement perceptible dans la suite de sa filmographie. Il ne s'intéresse non plus à la mutation de la chair, mais au for intérieur de l'homme.
L'idée d'un projet érotique taraudait TSUKAMOTO depuis quelques années. Sur les conseils de Jean-Pierre Dionnet à tenter une co-production franco-nippone, il se lance dans l'écriture; mais les premiers traitements sont tous refusés par le seul possible investisseur, Canal +. TSUKAMOTO ne se démonte pas et tente de mener son projet à terme par ses propres moyens. Partant d'un de ses propres dessins fait au lycée représentant un escargot sur une feuille empreinte de la rosée du matin, il brode une histoire à partir de l'humide saison de pluies au Japon. Se disant inspiré du roman de "L'Histoire d'un œil" de Georges Bataille, son film rend également hommage aux pinku eiga japonais des années '70s.
Désarçonnant pour ses récents fans, cette exploration est dans la logique des choses. Pour la première fois, un personnage féminin – récurrent dans toute sa filmographie – devient le pivot central de son intrigue. TSUKAMOTO détaille avec force délectation le corps féminin et tente de fouiller la psychologie interne de son personnage.
Le film est une nouvelle fois sélectionné au Festival de Venise, où il remporte le Prix Spécial du Jury dans une sélection parallèle. Totalement inédit en France, "Snake of June" s'exporte bien mieux à l'étranger – notamment dans les pays latins et de l'Est.
A la demande de quelques collaborateurs, TSUKAMOTO s'atèle également à la novélisation de son film. Procédure habituelle aux Etats-Unis (où des écrivains sont carrément spécialisés dans la retranscription des scénarios de films les plus connus ou au Japon où des réalisateurs comme MURAKAMI Ryu n'hésitent pas à adapter leurs films sous forme de romans et vice versa), cette démarche constitue une première pour le réalisateur qui mettra de longs mois à parfaire son roman. Laborieuse initiative, il n'est pas prêt de recommencer de sitôt même s'il est au final très fier de son résultat.