Trop
souvent limité à ses origines enragées
dans l'underground cyber-punk, Shinya TSUKAMOTO a pourtant
su prouver à travers sa riche filmographie diversifiée,
qu'il était plus qu'un génial créateur
visuel. Obsédé par de nombreuses thématiques,
il se sert du support cinématographique comme d'un
curieux champ d'investigation pour aller au bout des choses.
Un seul film ne lui suffit généralement
pas pour faire aborder ses questionnements et sa filmographie
est constamment traversée d'idées abordées
sous différents angles introduisant aussi les prémisses
de sujets futurs. Partant de la mise en parallèle
de la chair et du métal, TSUKAMOTO explore ensuite
sa fascination pour les armes pour aboutir … à
la sensualité féminine.
Au départ, il se sert de ses acteurs comme de simples
êtres désincarnés au service de ses
folles créations visuelles. Il en fait des machines
(de guerre) ou des jouets passifs sans âme, ni compassion.
Au fur et à mesure de ses scénarios plus
exigeants, il éprouve le besoin d'insuffler une
psychologie à ses personnages et découvre
la complexité de l'être humain qui deviendra
sa véritable quête.
Ne reniant en rien ses débuts chaotiques, TSUKAMOTO
fait de ses expériences visuelles sa principale
image de marque. Amoureux du fascinant pouvoir des salles
obscures, il abuse de la pleine attention de son public
pour faire un cinéma "ultra-sensoriel"
fait de bruit et de fureur. Mais derrière ces apparences
se cache un artiste profondément humain. Quelqu'un
qui a appris à privilégier le fond pour
assurer la forme. Quelqu'un qui a appris à parler
autant au conscient qu'à l'inconscient de son public.
Quelqu'un qui réunit tout talent d'un vrai artiste.
La
part biographique du présent essai s'appuie en
grande partie sur l'excellent ouvrage consacré
au réalisateur, "Iron Man – The Cinema
of Shinya TSUKAMOTO" par Tom Mes, qui fourmille encore
de quantité d'autres anecdotes et propose des analyses
complémentaires à celles proposées
à travers nos pages et critiques.
Bastian
Meiresonne - novembre 2005
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