Filmographie
de Ogawa
1966
:
La Mer de l'année bleue (Seinen no umi)
Quatre élèves suivent des cours
par correspondance (Yonin no tsushinkyo iku seitachi)
Première
incursion dans le long métrage documentaire pour
OGAWA Shinsuke. Il s'attache à filmer la mobilisation
de quatre jeunes étudiants s'opposant à
la réforme des cours par correspondance prévue
par le Ministre de l'Education.
Une voix narrative (procédé très
en vogue à l'époque) envahit un peu trop
le passionnant documentaire, reflet de sa génération.
Le tournage s'est étiré sur plus de trois
ans.
1967 :
La Forêt de l'oppression (Assatsu no mori)
Des étudiants renvoyés de l'Université
de Kwansei Gakuin décident d'y retourner pour occuper
le hall d'entrée en organisant un sit-in en guise
de protestation.
Tourné en Noir & Blanc, l'équipe avait
délibérément opté pour un
tournage utilisant des lumières naturelles et des
plans caméra à l'épaule – deux
techniques encore largement inédites au sein des
long-métrages au cinéma. Le cadreur s'est
également permis d'utiliser une longue focale pour
discrètement tourner une discussion entre différents
membres protestataires persuadant leur leader de continuer
l'action. OGAWA était profondément choqué
du procédé employé et n'aura plus
jamais recouru à cette méthode particulière.
Rapport
sur les lieux du meurtre (Gennin hokokusho)
Le documentaire s'intéresse aux manifestations
populaires de 1967 contre l'invasion américaine
au Vietnam. Durant les violents affrontements du 08 octobre
1967 entre protestants et forces de l'ordre, le jeune
étudiant Yamazaki HIROAKI est tué. Au cours
de la reconstitution des faits, OGAWA dénonce l'extrême
violence utilisée par la police.
Si les critiques de cinéma ont ouvertement réprimandé
le film pour son parti pris réactionnaire, il a
remporté un franc succès en circulant dans
les universités de tout le pays.
1968 :
Sanrizuka 1 : Ligne de libération du Japon
/ L'été de Sanrizuka / Un été
à Narita
(Nihon kaihosensen / Sanrizuka no natsu) (1968)
Premier
volet d'une série de sept documentaires consacrés
à l'acharnée résistance d'un groupe
de fermiers originaires de la ville de Sanrizuka, qui
s'opposent au projet de construction du nouvel aéroport
de Tokyo. Le gouvernement avait misé sur le fait,
qu'ils abandonneraient tout simplement leurs terres à
l'annonce de la décision de construction sans consulter
au préalable les habitants de la région.
Dans leur lutte, les fermiers sont rejoints par des étudiants
de Tokyo, qui se saisissent de l'occasion pour manifester
leur profond mécontentement en général,
notamment envers la guerre du Vietnam.
Ce premier film de la série s'attache à
suivre "La Brigade de la jeunesse", décidant
d'utiliser des armes contre les forces de police. Bien
que filmé au beau milieu des résistants
fermiers, le véritable sujet porte surtout sur
la grogne étudiante.
1970 :
Sanrizuka 2 : Ligne de libération du Japon / Sanrizuka
(Nihon Sanrizuka sensen / Sanrizuka)
L'hiver fait son entrée sur les terres occupées
de Sanrizuka. Les fermiers organisent des sit-in devant
l'arrivée des bulldozers pour empêcher l'aplatissement
des terrains. Alors que la communauté agricole
commence à se diviser face à un combat perdu
d'avance, OGAWA recueille les différents témoignages
des principaux intéressés.
Premier film en couleur du réalisateur.
Sanrizuka
3 : Troisième combat violent contre le Cadastre
(Sanrizuka daisanji kyoko sokuryo soshi toso)
Troisième
épisode tourné dans l'urgence pour suivre
une nouvelle tentative désespérée
d'empêcher les constructeurs d'entamer la seconde
phase de la construction de l'aéroport. Bombes
lacrymogènes et renforts acheminés par hélicoptère
n'arriveront pas au bout des bombes à base d'excréments
animaliers et sit-in. L'arpentage est interrompu au bout
de trois jours au lieu des sept prévus à
l'origine.
1971 :
Sanrizuka 4 : Les hommes de la deuxième forteresse
(Sanrizuka: Dainitoride no hitobito)
Dans cet épisode, OGAWA détaille les multiples
manières qu’on les agriculteurs de s'opposer
aux forces de l'ordre en s'enchaînant à des
arbres ou en creusant des tunnels pour construire une
véritable forteresse souterraine.
OGAWA chamboule totalement sa manière de filmer
en troquant son montage habituellement rapide pour rendre
compte de l'agitation fébrile des étudiants
au profit de longs plans. S'intéressant désormais
clairement au seul sort des fermiers, cette mise en scène
lui permet de capter en détail le moindre détail.
Des parfois interminables séquences répétitives
devaient permettre aux spectateurs de bien cerner tout
ce qu'il voulait exprimer. Son admission dans les souterrains
de la forteresse cachée témoigne d'un profond
respect accordée au réalisateur, les fermiers
ne laissant pénétrer que des sympathisants
dignes de confiance !
1972 :
Sanrizuka 5 : Nous avons pu construire une tour métallique
sur la montagne rocheuse (Sanrizuka / Iwayama ni tetto
wa dekita)
Pour empêcher la poursuite des travaux de l'aéroport,
les fermiers avaient trouvé – parmi d'autres
– le moyen original d'ériger des tours métalliques
au milieu des pistes en construction ou sur les terrains
du chantier. Cet épisode s'attache à suivre
la construction d'un tel engin.
1973 :
Sanrizuka 6 : Le village de Henda (Sanrizuka Henda
buraku) (1973)
Poursuivant le précédent, cet épisode
se concentre sur la construction d'une tour métallique
construite au milieu d'une piste d'atterrissage. L'équipe
d'OGAWA signe un lent et calme portrait des pensées
profondes des villageois et des conséquences qu'auront
laissés leurs manifestations tout au long des années
sur leur vie et leur devenir. Souvenirs d'enfance, histoires
du village d'antan et échauffourées quant
à l'issue de leur résistance, le portrait
des différents protagonistes désormais abattus
n'en devient que plus poignant.
OGAWA n'aimait pas particulièrement la mise en
scène de cet épisode, se reprochant d'avoir
dû monter une cinquantaine de scènes à
partir de vingt scènes réellement tournées
et d'avoir ainsi "déformé" quelque
peu la réalité des choses.
1976 :
Le Clean Center / Une interview (Clean Center / Homonki)
Déjà
en sérieuses difficultés financières
suite au désintéressement de leur public
et les difficultés de diffusion de leurs métrages,
certains membres de la société de production
d'OGAWA PRO s'occupaient à chercher un travail
pour subvenir à leurs propres besoins et continuer
d'aider à la réalisation des sujets pendant
leur temps libre.
L'un d'entre eux avait trouvé une place dans une
usine de recyclage de déchets urbains. Parallèlement
au tournage de la série des "Sanrizuka",
OGAWA et son équipe en profitent pour interviewer
les responsables et intervenants de cette entreprise.
1977 :
Sanrizuka 7 : Ciel de mai / Mon ancien chemin de campagne
(Sanrizuka / Gogatsu no sora / Sato no kayoi michi)
Dernier épisode la série et véritable
apogée en matière de guérilla menée
contre les forces de l"ordre. Le gouvernement a finalement
dépêché plus de 15.000 policiers sur
le chantier en construction de l'aéroport pour
venir à bout de la résistance farouche.
OGAWA s'attache à détailler les armes toxiques
nocives utilisées par les forces de l'ordre.
Histoire
de Magino / Yosan Hen (Makino monogatari)
Acceptant
l'invitation d'une communauté agricole à
venir les rejoindre dans le village reculé de Magino
pour apprendre des métiers liés à
l'agriculture et de véritablement ressentir le
pourquoi de la résistance farouche des paysans
face aux autorités à Sanrizuka, OGAWA et
son équipe apprennent le métier d'éleveurs
de vers à soie. Appliqués, ils vont suivre
toutes les étapes et les retranscrire sur papier
avant de tourner plus de dix heures de rushes en 8mm,
dont ils tireront un métrage de près de
deux heures dédié à la sériciculture
familiale.
1982 :
Le village de
Furuyashiki (Nippon-koku furuyashiki-mura)
Sur fond d'étude approfondie de la culture de riz,
OGAWA dévie une nouvelle fois totalement de son
sujet premier dans une seconde partie dédiée
aux longs entretiens avec les villageois et – notamment
– leurs souvenirs de l'implication du Japon dans
le conflit sino-nippon de 1937.
Prix du FIPRESCI au Festival de Berlin 1983.
1987 :
Le Cadran Solaire sculpté par mille ans d'entailles
: L'Histoire du Village de Magino (1000-nen kizami no
hidokei)
Aboutissement de treize ans de vie commune au sein de
la petite ville de Magino et œuvre testament du réalisateur
Shinsuke OKAWA, dont ce sera le dernier projet abouti
avant son soudain décès d'un cancer en 1992.
Dans ce subtil mélange de documentaire et de saynètes
fictives de près de quatre heures, OGAWA et son
équipe s'intéressent tout autant au riz
qu’aux reconstitutions des histoires transmises
de génération en génération
par la communauté de Magino.
2001 :
Le Village des kakis rouges (Manzan Benigaki )
Documentaire
commencé par OGAWA dès 1984 et terminé
à titre posthume par son disciple chinois PENG
Xiao-lian, qui revient au village quinze ans plus tard
pour constater les évolutions.
En apparence une minutieuse étude scientifique
de la culture du kaki, l'équipe de réalisation
s'intéresse parallèlement à la parole
des derniers artisans d'un métier qui tend à
disparaître devant les fulgurants progrès
économiques. D'une beauté époustouflante,
l'élève ne démérite pas devant
son maître et épouse autant le fond que la
forme.
FILMS
EN RELATION AVEC LES PRODUCTIONS OGAWA :
1973 :
Réalisations et le chemin menant au village
(Filmmaking and the way to the village)
Produit
par la société OGAWA PRO, ce documentaire
a été réalisé par Katsushiko
FUKUDA juste après l'ambitieux "Village de
Henda" et avant le départ pour Magino. Période
charnière pour la société de production
qui était au plus mal après que leur réseau
de distribution se soit totalement écroulé
suite au désintéressement général
de leur ancien public. Le documentaire s'attache donc
à retranscrire la particulière manière
de travailler de l'équipe, leurs expériences
passées pour couvrir le conflit de l'aéroport
de Narita et l'avenir – encore incertain –
à Magino.
1975 :
Le chant de la bête humaine (Dokkoi ningenbushi)
OGAWA n'a fait que superviser le travail des autres membres
du collectif OGAWA PRO. Le documentaire s'attache à
décrire les difficiles conditions de vie des habitants
issus d'un milieu défavorisé du quartier
de Yokohama.
A trop vouloir imiter l’approche documentariste
de leur mentor en matière de cinéma-vérité,
les élèves n'hésitent pas à
laisser tourner la caméra durant des intervalles
interminables, à filmer leurs longs errements à
travers les couloirs tarabiscotés (sans couper
au montage) et à se rapprocher au plus près
de leurs interlocuteurs, quitte à les cadrer au
plus près jusqu'à ce que l'on n'aperçoive
plus rien.
Au lieu de les former correctement, OGAWA, en piètre
mentor, reprenait les choses en main dès qu'il
n'était pas satisfait du travail de ses élèves.
En résulte un résultat forcément
bancal et inégal.
1981 :
A Visit to Ogawa Productions (1981)
Directed by Oshige Jun' ichiro
Produced by Yasui Yoshio
Issus
de la même école de pensée et se recoupant
même par certaines thématiques – OSHIMA
ayant également œuvré dans le domaine
du documentaire – il était évident
que les deux hommes se rencontrent tôt ou tard.
C'est chose faite avec ce rare témoignage datant
de 1981, où OSHIMA rend visite sur le tournage
en cours de l'ambitieux "Village de Furuyashiki".
Après un tour du propriétaire, OGAWA partage
ses points de vue personnels de l'approche documentariste
avec son illustre collègue.
|